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Un rayon du soleil avait percé la nue,

Que je calmais du Ciel la forte aversion,

Enfin qu'ils me devaient leur conservation ;

Surtout, un homme riche, et chéri dans Valence,

M'offrit dessus ses biens une entière puissance,

N'attribua qu'à moi sa vie, et ses profits,

Et depuis me conserve en qualité de fils ;

J'ai témoigné mon deuil, par des preuves parfaites,

Et les Dieux sont témoins, des plaintes que j'ai faites,

Car je me croyais seul échappé du danger,

D'où m'avait tiré, ce navire étranger ;

Enfin, le temps, Madame, et les yeux d'Amélie,

Divisèrent ma peine, et ma mélancolie

Je partageais mes pleurs ; l'amour, et votre mort

Sur ce coeur malheureux faisaient un même effort ;

J'accusais le destin, de vous avoir ravie,

Et d'avoir sous une autre assujetti ma vie ;

L'effet vous répondra, de ma fidélité,

J'aimais votre mémoire autant que sa beauté ;

Et puisque vous vivez, les baisers de l'aurore,

Ne me seraient pas doux, si je vous plais encore.

AMÉLIE
en riant

Donc ce coeur inconstant a rompu ses liens.

CLORIS

.

Madame vos dédains, autorisent les siens.

ÉRASTE

.

Cessez de me gausser, et pardonnez, Madame,

Les effets criminels d'une importante flamme ;

Je connais que le Ciel vous doit à votre amant,

Et j'ai trop traversé votre contentement.