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ÉRASTE

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Ha ! Madame est-ce vous ?

Que je bénis le ciel, et que mon sort est doux,

Beau sujet de mes pleurs, ma Cloris, ma lumière,

Quoi, ce corps est pourvu, de sa grâce première ?

Quel sort en ma faveur, l'a fait ressusciter.

AMÉLIE

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Éraste vit encor, il n'en faut plus douter ;

Cet objet de mes vœux charme encore le monde,

Et les dieux l'ont sauvé de la rage de l'onde ;

Mais la voix me défaut ; divin objet d'amour,

Parlons par des baisers qui durent tout le jour.

Ils se tiennent embrassés.

AMÉLIE

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Dieux ! Son affection l'obligeait à me suivre,

Et ce soin qu'il a pris est ce qui m'en délivre,

Il retrouve Cloris, ses vœux sont satisfaits,

Il ne s'oppose plus au dessein que le fais.

Mais il faut contenter leur ardeur amoureuse,

En ces premiers transports, la joie est dangereuse.

elle dit à Cloris

N'avez-vous feint Madame un si cruel tourment,

Que pour me disposer à perdre mon amant.

ÉRASTE

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Vous voyez d'un bon œil, notre chaste licence,

Et vous chérissez fort une si douce offense,

Vous cédez sans regret un si faible intérêt,

Et perdez de bon coeur le bien qui vous déplaît.

J'admire de l'amour la suprême puissance,

Ô Dieux ! Que cet effet dément bien son enfance ?

Il tire notre bien d'un malheur apparent.