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ÉRASTE
mettant Amélie entre les mains de ses laquais

Il te faut contenter, ô Dieux ! En ce visage,

Je vois de ma Cloris une vivante image.

CLORIS

.

Hélas ! Qu'ai-je aperçu ?

ÉRASTE

.

Je meurs d'étonnement.

Il s'évanouit
CLORIS

.

Je perds la voix, et l'âme, en ce ravissement.

elle s'évanouit aussi
AMÉLIE
au milieu d'eux

Dieux ! Qu'est-ce que je vois ! Cet amant infidèle,

Sans doute est le sujet des pleurs de cette belle ;

Rendez l'éclat madame à ces charmants appas,

Qu'Éraste vous entende, et qu'il ne meure pas.

CLORIS

.

Hélas ! Éraste est mort, et cette image vaine,

S'offre à moi seulement pour accroître ma peine,

Je baiserai pourtant, ce portrait de mon bien,

Ô Dieux je vois beaucoup, et si je ne vois rien ;

Si je croyais mes yeux, voilà la même bouche,

Je vous son même poil, c'est sa main qui le touche,

Je connais cet anneau, qui fut mien autrefois,

Et quand il a parlé j'ai reconnu sa voix.

Ô divine douceur, dont mon âme est ravie !

Ai-je songé sa mort, ou louerai-je sa vie ;

Réponds un mot Éraste.