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Pussent une autre fois refiler ses années,

L'enfer ne le pourrait refuser à mes cris,

Mais il ne rend jamais les tributs qu'il a pris :

Pluton rit de nos vœux, ce Dieu n'a point de temple,

Et dans la fable même, on n'en voit qu'un exemple.

AMÉLIE

.

Il le faut aborder.

CLORIS

.

Passez heureux amants,

Souffrez qu'un malheureux plaigne ici ces tourments,

Ou faites les cesser, si la pitié vous touche,

Et répandez mon sang, sur cette humide couche.

AMÉLIE

.

Nous vous refuserons un semblable secours,

Et tâcherons plutôt de conserver vos jours ;

D'où naissent vos ennuis, et quel malheur extrême,

Mouille de tant de pleurs, ce teint mourant, et blême ;

Vous devez excuser ma curiosité,

La pitié me dispense à cette liberté.

CLORIS
se levant et pleurant

Ô Ciel ! Est-ce trop peu, de ma dure infortune,

Sans qu'on l'accroisse encore, et sans qu'on m'importune :

Adieu, je m'aime seul, et mon affliction,

Ne reçoit ni secours, ni consolation.

AMÉLIE

.

Ô Dieux ! Qu'il est saisi d'une douleur amère,

Courons, suivons ses pas, et sachons sa misère.


Scène III

.

Le Père d'Amélie, La Nourrice.