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Alors qu'il t'adorait ont tant coûté de larmes ;

Hélas ! Je vois le jour, et ses jours sont ravis ;

Je suis, quand il n'est plus ; il est mort, et je vis,

Quel destin m'a sauvée, et quelle ingratitude,

A prolongé ma vie, et mon inquiétude ;

Que ne fut mon malheur, suivi de mon dessein,

Quand l'onde me l'offrait, elle m'offrait son sein,

Et si j'eusse voulu, cette aveugle meurtrière,

En me le ravissant, m'eût ravit la lumière ;

Ha ! Que depuis ce jour, j'ai détesté mon sort,

Que j'ai senti de morts, pour la peur d'une mort.


Scène II

.

Dionys, Amèlie, Lisidan, Érante, Cloris.

AMÉLIE

.

J'ois quelqu'un qui se plaint.

DIONYS

.

C'est sous ce beau feuillage

Approchons-nous sans bruit.

CLORIS

.

Le calme suit l'orage.

Il n'est si malheureux sous l'empire d'amour,

Qui ne vive en l'espoir, de l'être moins un jour ;

Mille ont été sauvés, quand leur mort était prête,

Et tel, qui tient l'épée espère qu'on l'arrête ;

Ma seule affliction ne se peut comparer,

Seule je suis au point de ne rien espérer ;

Si la mort n'était sourde, et que les destinées,