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Alors que mon pouvoir dispose de ton sort ;

Tantôt, enflé du vent, d'une fausse victoire,

Tu ne me traitais pas avec que tant de gloire,

Ce m'étaient des faveurs, que de te regarder ;

Dieux ; il est bien aisé de te persuader ?

Quoi ? Quand je te nommais, beau, charmant, adorable,

Tu croyais seulement m'être considérable ?

Et lorsque je feignais ces transports furieux

Tu les attribuais au pouvoir de tes yeux ?

J'aurais perdu l'esprit, et ta seule arrogance,

Eût été comparable à mon extravagance,

Lors j'avais mérité de souffrir tes dédains ;

Mais, j'ai dessein de rire, et c'est dont je me plains ;

Je voulais, par l'appas d'une espérance vaine,

Me donner le plaisir de t'avoir mis en peine.

Te voir à mes genoux, te voir baiser mes pas,

T'ouïr plaindre sans cesse, et ne répondre pas.

C'était là mon dessein, et ton âme orgueilleuse

Devait ce passe-temps à mon humeur joyeuse :

Je voulais que mes jours touchassent tes esprits,

Et tu ne devais pas les payer de mépris.

DIONYS

.

Je n'ai rien mérité ; mais souffrez que je die,

Que vous deviez ailleurs chercher la perfidie,

Et que quelque dessein que vous pussiez avoir,

Vous tachiez vainement d'ébranler mon devoir.

Je crois, qu'on ne peut rien ajouter à vos charmes,

Les cœurs, contre vos yeux ont d'inutiles armes,

Et le mien seulement à pouvoir d'éviter

Ces glorieux vainqueurs, que tout doit redouter ;

D'un si libre discours accusez cette belle,

Comme vos deux beautés, ma flamme est immortelle,