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Forcez donc avec moi, ma lumière et ma vie,

Tout ce qui fait languir notre amoureuse envie,

Et par un prompt départ, dégageant votre foi

D'une sévère, injuste, et tyrannique loi.

Délivrons ce vainqueur à qui tout rend hommage

De la nécessité d'un Inique servage,

Tirons pour notre bien notre maître des fers,

Il finira les maux, que nous avons soufferts ;

En l'état d'obéir, où vous êtes réduite,

La gloire du combat, dépend de notre fuite.

AMÉLIE

.

Oui mon affection consent à ce départ,

J'attendais, cher amant ce conseil de ta part ;

Demain, sans différer, aussitôt que l'aurore,

Fera voir ses rayons sur le rivage more,

Forçons notre malheur, partons secrètement,

Et souffrons avec nous Lisidan seulement,

Qu'il serve de témoin à nos pudiques flammes,

Qu'il assiste où l'Hymen conjoindra nos deux âmes,

Et qu'il témoigne un jour que nos chastes désirs,

Se seront dispensés à d'honnêtes plaisirs ;

La maison d'un paysan, frère de ma nourrice,

Est offerte à propos à notre doux caprice,

Nous y vivrons sans crainte, attendant l'heureux jour,

Qu'un avis de sa part nous parle du retour.

N'es-tu pas résolu.

DIONYS

.

Plus, que n'est à sa grâce,

L'esprit d'un criminel, dont on bande la face,

Qui reçoit un pardon qu'il n'imaginait pas,

Et qui voyait déjà la porte du trépas.

Érante descend de la fenêtre.