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d'août, les Italiens du duc de Nevers surprenaient la ville et y égorgeaient vingt-deux protestants. Léry était une victime toute désignée. Il s'échappa par miracle, avec son collègue Pierre Melet, et trouva un refuge dans la forte place de Sancerre. « C'est là, comme il l'écrivit dans sa Relation du siége de Sancerre, que les poures fidèles des villes voisines, de Bourges, de La Charité, Gien, Orléans, & de plusieurs autres, après estre reschappez, comme povres brebis de la gueule des loups, s'y estoient retirez, pour eviter la furie de ceux qui avoyent executé leur rage plus que barbare sans aucun respect sur tous ceux qu'ils avoient peu atteindre. » Sancerre était alors une imposante citadelle. Ses habitants, dévoués à la Réforme, accueillirent avec empressement les fugitifs et se disposèrent à résister jusqu'à la dernière extrémité aux troupes catholiques. Les riches bourgeois auraient voulu se soumettre. Ils essayèrent même de livrer le château au gouverneur du Berry : mais les ouvriers, les vignerons et les fugitifs chassèrent les traîtres et se mirent ouvertement en insurrection. Le maréchal de la Chastre, à la tête de quelques milliers d'hommes, fut chargé de s'emparer de la petite ville, dont la résistance pouvait devenir