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IV
PRÉFACE DE L’ÉDITEUR.

Bretagne et fondateur d’une colonie française dans la rade où se bâtira plus tard Rio-de-Janeiro. Cet étrange personnage, après avoir rempli l’Europe et l’Afrique du bruit de ses exploits et de sa fatigante activité, tour à tour soldat vaillant, marin habile, ingénieur et diplomate, ne s’était-il pas avisé de créer une France américaine et d’y appeler, comme dans un champ d’asile, tous ceux de ses compatriotes qui voudraient jouir de la liberté de conscience, tout en restant fidèles à la métropole ? Les écrivains protestants ont affirmé que Villegaignon, en affichant ces sentiments de tolérance, n’avait cherché qu’à mieux abuser leurs coreligionnaires ; les écrivains catholiques ont prétendu que Villegaignon était sincère et voulait réellement accorder le libre exercice de leur culte à tous ceux qui répondraient à son appel. Toujours est-il que, moitié par désir de mieux connaître les doctrines nouvelles, moitié pour augmenter les ressources de la colonie en y introduisant des colons libres et intelligents, le vice-roi de la France antarctique écrivit directement à Calvin, qui avait été son condisciple à l’Université de Paris, et lui communiqua ses projets. Calvin accueillit avec empressement la demande imprévue de Villegaignon.