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naturelle, qu’il soit peinturé, ou emplumassé, revestez-le de ses habillemens, bonnets, et bracelets si industrieusement faits de ces belles et naifves plumes de diverses couleurs, dont je vous ay fay mention, et ainsi accoustré, vous pourrez dire qu’il est en son grand pontificat.

Que si pour le quatrieme, à la façon que je vous ay tantost dit qu’ils font, le laissant moitié nud et moitié vestu, vous le chaussez et habillez de nos frises de couleurs, ayant l’une des manches verte, et l’autre jaune, considerez là dessus qu’il ne luy faudra plus qu’une marote.

Finalement adjoustant aux choses susdites l’instrument nommé Maraca en sa main, et pennache de plume qu’ils appellent Arraroye sur les reins, et ses sonnettes composées de fruicts à l’entour de ses jambes, vous le verrez lors, ainsi que je le representeray encor en autre lieu, equippé en la façon qu’il est, quand il danse, saute, boit et gambade.

Quant au reste de l’artifice dont les sauvages usent pour orner et parer leurs corps, selon la description entiere que j’en ay fait cy dessus, outre qu’il faudroit plusieurs figures pour les bien representer, encores ne les scauroit-on bien faire paroir sans y adjouster la peinture, ce qui requerroit un livre à part. Toutesfois au parsus de ce que j’en ay jà dit, quand je parleray de leurs guerres et de leurs armes, leur deschiquetant le corps, et mettant l’espée ou massue de bois, et l’arc et les flesches au poing, je le descriray plus furieux. Mais laissant pour maintenant un peu à part nos Toüoupinambaoults en leur magnificence, gaudir et jouir du bon temps qu’ils se scavent bien donner, il faut voir si leurs femmes et filles, lesquelles ils nomment Quoniam (et depuis que les Portugais ont