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instrument qu’ils nomment maraca : lequel bruyant plus fort qu’une vessie de pourceau pleine de pois, nos Bresiliens ont ordinairement en la main. Quand je traiteray de leur religion, je diray l’opinion qu’ils ont tant de ce maraca, que de sa sonnerie, apres que par eux il a esté enrichi de belles plumes, et dedié à l’usage que nous verrons là. Voila en somme quant au naturel, accoustremens et paremens dont nos Toüoupinambaoults ont accoustumé de s’equipper en leur pays. Vray est qu’outre tout cela, nous autres ayans porté dans nos navires grand quantité de frises rouges, vertes, jaunes, et d’autres couleurs, nous leur en faisions faire des robbes et des chausses bigarrées, lesquelles nous leur changions à des vivres, guenons, perroquets, bresil, cotton, poivre long, et autres choses de leur pays, de quoy les mariniers chargent ordinairement leurs vaisseaux. Mais les uns, sans rien avoir sur leurs corps, chaussans aucunefois de ces chausses larges à la Mattelote : les autres au contraire sans chausses vestans des sayes, qui ne leur venoyent que jusques aux fesses, apres qu’ils s’estoyent un peu regardez et pourmenez en tel equippage (qui n’estoit pas sans nous faire rire tout nostre saoul), eux despouillans ces habits, les laissoyent en leurs maisons jusques à ce que l’envie leur vinst de les reprendre : autant en faisoyent-ils des chapeaux et chemises que nous leur baillions.

Ainsi ayant deduit bien amplement tout ce qui se peut dire touchant l’exterieur du corps, tant des hommes que des enfants masles Ameriquains, si maintenant en premier lieu, suyvant ceste description, vous vous voulez representer un Sauvage, imaginez en vostre entendement un homme nud, bien formé et proportionné de ses membres, ayant tout le poil qui