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CHAPITRE VIII


Du naturel, force, stature, nudité, disposition et ornemens du corps, tant des hommes que des femmes sauvages Bresilliens, habitans en l’Amerique, entre lesquels j’ay frequenté environ un an.


Ayant jusques icy recité, tant ce que nous vismes sur mer en allant en la terre du Bresil, que comme toutes choses passerent en l’Isle et fort de Colligny, où se tenoit Villegagnon, pendant que nous y estions : ensemble quelle est la riviere nommée Ganabara en l’Amerique : puis que je suis entré si avant en matiere, avant que je me rembarque pour retourner en France, je veux aussi discourir, tant sur ce que j’ay observé touchant la façon de vivre des sauvages, que des autres choses singulieres et incognues par deçà, que j’ay veuës en leur pays.

En premier lieu doncques (à fin que commençant par le principal, je poursuive par ordre) les sauvages de l’Amerique, habitans en la terre du Bresil, nommez Toüoupinambaoults, avec lesquels j’ay demeuré et frequenté familierement environ un an, n’estans point plus grans, plus gros, ou plus petits de stature que nous sommes en l’Europe, n’ont le corps ny monstrueux ny prodigieux à nostre esgard : bien sont-ils plus forts, plus robustes et replets, plus disposts,