Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Religion et reformation Chrestienne qu’il faisoit lors), il n’y eut celuy de nous qui, par maniere de dire, outre ses forces ne s’employast allegrement l’espace d’environ un mois, à faire ce mestier, lequel neantmoins nous n’avions pas accoustumé. Sur quoy je puis dire que Villegagnon ne s’est peu justement plaindre, que tant qu’il fit profession de l’Evangile en ce pays-là, il ne tirast de nous tout le service qu’il voulut.

Or pour retourner au principal, dés la premiere sepmaine que nous fusmes là arrivez, Villegagnon non seulement consentit, mais luy mesme aussi establit cest ordre : assavoir, qu’outre les prieres publiques, qui se faisoyent tous les soirs apres qu’on avoit laissé la besongne, les Ministres prescheroyent deux fois le dimanche, et tous les jours ouvriers une heure durant : declarant aussi par expres qu’il vouloit et entendoit que sans aucune addition humaine les Sacremens fussent administrez selon la pure parole de Dieu : et qu’au reste la discipline Ecclesiastique fust pratiquée contre les defaillans. Suyvant donc ceste police Ecclesiastique, le Dimanche vingt et uniesme de Mars que la saincte Cene de nostre Seigneur Jesus Christ fut celebrée la premiere fois, au fort de Coligni en l’Amerique, les Ministres ayans auparavant preparé et catechisé tous ceux qui y devoyent communiquer, parce qu’ils n’avoyent pas bonne opinion d’un certain Jean Cointa, qui se faisoit appeller monsieur Hector, autresfois docteur de Sorbonne, lequel avoit passé la mer avec nous : il fut prié par eux qu’avant que se presenter il fist confession publique de sa foy : ce qu’il fit : et par mesme moyen devant tous, abjura le Papisme.

Semblablement quand le sermon fut achevé, Villegagnon faisant tousjours du zelateur, se levant