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CHAPITRE VI


De nostre descente au fort de Coligny en la terre du Bresil. — Du recueil que nous y fit Villegagnon, et de ses comportemens, tant au fait de la Religion, qu’autres parties de son gouvernement en ce pays-là.


Apres doncques que nos navires furent au Havre en ceste riviere de Ganabara, assez pres de terre ferme, chacun de nous ayant troussé et mis son petit bagage dans les barques, nous allasmes descendre en l’isle et fort appelé Coligni. Et parce que nous voyans lors non seulement delivrez des perils et dangers dont nous avions tant de fois esté environnez sur mer, mais aussi avoir esté si heureusement conduits au port desiré : la premiere chose que nous fismes, apres avoir mis pied à terre, fut de tous ensemble en rendre graces à Dieu. Cela fait nous fusmes trouver Villegagnon, lequel, nous attendant en une place, nous saluasmes tous l’un apres l’autre : comme aussi luy de sa part avec un visage ouvert, ce sembloit, nous accolant et embrassant nous fit un fort bon accueil. Apres cela le sieur du Pont nostre conducteur, avec Richier et Chartier Ministres de l’Evangile, luy ayant briefvement declaré la cause principale qui nous avoit meus de faire ce voyage, et de passer la mer avec tant de difficultez pour l’aller trouver : assavoir, suyvant les lettres qu’il avoit escrites à