Page:Jean Hingre - Monographie du patois de La Bresse (Vosges), 1887.pdf/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 8 —

fusionner à Dommartin et à Remiremont avec la branche collatérale qui descend, de Bussang à Rupt, la vallée de la Haute-Moselle. C’est pourquoi une foule de choses que nous aurons à faire remarquer sur notre dialecte ne lui sont pas exclusivement propres, et peuvent se dire pour beaucoup d’autres qui en sont plus ou moins éloignés. Comme nous l’avons pris avant le travail de décomposition auquel il est soumis depuis quelques années, de même nous le prenons soigneusement isolé de toute nuance voisine, et de toute dégradation étrangère, pur de tout alliage dialectal ; nous ne donnons qu’une eau de roche granitique puisée à sa source même.

DÉLIMITATION DIALECTALE

Le dialecte de la Haute-Moselotte appartient à la famille gauloise ou française du Nord ; mais il est entre tous ses frères de la langue d’oil celui qui se rapproche le plus de ceux de la langue d’oc. On chercherait vainement dans la grammaire des uns et des autres, y compris ce que le peuple appelle le gaulois, et les linguistes le vieux français, des divergences considérables ; ce par quoi le nôtre se distingue éminemment, c’est le phonisme et le vocabulaire. Ainsi il réunit toutes les articulations spéciales à chacune des langues romanes et germaniques[1], et il a conservé un système intégral d’aspirations des consonnes aussi bien que des voyelles, qu’on retrouve à peine essayé chez les plus favorisées.

Son vocabulaire abonde en vocables que les autres ont perdus ou n’ont jamais possédés dans un pareil ensemble ;

  1. À l’exception néanmoins du th anglais.