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le vend ; el lé rvò—il le revend ; l’âme dé lé—l’âme de lui ; i m’ò parâ ai lé—je m’en prendrai à lui. Pour le régime indirect, ai lé—à lui peut se remplacer par li—lui comme en français : i li dehé—je lui dis. Après le verbe, si celui-ci finit par un e muet, le fait —leu : cwache-lë (= leu)—cache-le.

Li—lui, c’est-à-dire, à lui, car il ne s’emploie que comme régime indirect et sans la préposition ai.

Féminin : lée—elle ; comme sujet, et puis comme régime indirect avec de et avec ai : dé lée—d’elle, ai lée—à elle, qui peut se remplacer par li—lui ; la—la, comme régime direct.

Quand le régime direct le, la est suivi immédiatement du régime indirect, on peut le supprimer : é-t-él se-n-agen—a-t-il son argent ? I li poutè—je (le) lui porte.

Se ou (suivant l’euphonie}—se comme régime direct et régime indirect.

Si ne répond pas à soi ; c’est absolument la contraction de se le : el si rõté—il se l’enleva. Le bressau n’a pas le correspondant direct du français soi. Il le remplace par le, ou même encore, lé-môme—lui, lui-même.

Première personne du pluriel : nós—nous, se prononce devant une consonne, nóze devant une voyelle.

Deuxième personne : vós—vous, se prononce devant les consonnes, et vóze devant les voyelles. Les pronoms nós, vós différent vocaliquement des adjectifs nõs et võs par la quantité prosodique.

Troisième personne du pluriel masculin : el—ils, ne diffère aucunement du singulier, et se traite de même dans les mêmes positions. — Au XVIe et au XVIIe siècles, c’était l’usage approuvé par les grammairiens français de prononcer le pronom personnel il, ils sans faire entendre s du pluriel devant une voyelle, et sans faire entendre l de l’un ou de l’autre devant une consonne, on disait : i va, i sont, il’ ont.