Page:Jean Hingre - Monographie du patois de La Bresse (Vosges), 1887.pdf/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 47 —

Deuxième personne du singulier : te ou (selon l’euphonie)—tu, te, comme régime direct et indirect aussi bien que comme sujet. Après un verbe qui finit par un e muet, te ne fait plus , mais = teu : Dòne-të de waude—donne-toi de garde. Te le se contracte en ti, à moins que l’e de le ne doive s’élider : i ti frâ ai wẽre—je te le ferai (à) voir ; mais i te l’â fâ ai wẽre—je te l’ai fait (à) voir.

Ti—toi, ne se dit pas pour régime direct, et il ne peut se dire pour le régime indirect qu’avec la préposition ai—à : el pwaulré ai ti—il parlera à toi.

Troisième personne du singulier, masculin : el—il, se prononce è devant une consonne, èl’, èle devant une voyelle, é après le verbe, en toute position, c’est-à-dire, que celui-ci finisse par un e muet ou une voyelle sonore, et que ce soit une voyelle ou une consonne qui suive : prò-t-él (= é) waude—prend-il garde ? Prò-t-él (= é) in pau—prend-il un bâton ? Chaîge-t-él (= é) ène charate—charge-t-il une charrette ?

Féminin : elle, comme en français, mais avec des modifications accidentelles : 1° devant une voyelle, pour ne pas confondre le féminin avec le masculin qui alors fait déjà èle, on insiste sur les deux l et on les détache d’une façon toute semblable à la prononciation française de cette phrase : elle l’a ; prononcez donc elle é—elle a, comme si c’était elle l’é ; prononcez elle aitò—elle attend, comme si c’était elle l’aitò. Après le verbe, elle fait éle ; ce pourquoi l’l de el ne se prononce jamais en cette position pour écarter toute équivoque entre le masculin et le féminin.

Dans quelques locutions el se retourne en le, l’, et même  : l’a bwò—il (ce) est bon. (La Fontaine : Par ma barbe, il est bon.) Lè fâ biè lai hlîne mouillée—il fait bien la poule mouillée.

Masculin : le ou (selon l’euphonie)—le lui : el le vò—il