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Devant un nom de nombre qui le complète, tous fait ti au masculin et tite au féminin : ti dousse—tous deux, tite dousse—toutes deux, ti trôkhe—tous trois, tite trôkhe—toutes trois. Si le nom de nombre est précédé de l’article, on revient à tertu, tórtu : tertu las qwaite—tous les quatre.

Le français plusieurs manque en bressau. On y supplée par une périphrase ; pu d’in, pu d’ène—plus d’un, plus d’une, si le nombre ne paraît pas grand ; tó piein—tout plein, pour une grande quantité.

PRONOMS

PERSONNELS

Le pronom de la première personne du singulier a trois formes : 1° i devant une consonne, ou (ce qui équivaut) une voyelle mouillée, diphthonguée : i võ—je vais, i ieu—je veux ; 2° ije, ou 3° je devant une voyelle : ije ò ieu ou j’ò ieu—j’en veux. On préfère presque toujours ije à je.

Me, ou (selon l’euphonie)—me, moi comme régime direct et régime indirect : sé te ieu me fwauché—si tu veux me fâcher ; ieu-te mé fwauché—veux-tu me fâcher ? Déni-me ein live—donnez-moi cinq francs. Après le verbe, si celui-ci finit par un e muet, me fait më = meu : dòne-mẽ cin live—donne-moi cinq francs. Me le se contracte en mi, à moins que l’e de le ne doive s’élider : el mi fèyé ai wẽre—il me le fit (à) voir ; mais el me l’é fâ ai wẽre—il me l’a fait (à) voir.

Mi—moi ; ne s’emploie pas comme régime direct, et il ne s’emploie comme régime indirect qu’avec la préposition ai—à, ai mi—à moi.