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le d, abandonne tout-à-fait l’r, sauf l’allongement de la syllabe âde, en guise de compensation. Mais s’il est permis d’établir cette règle pour les adjectifs formés de la particule ard, il en survient une foule d’autres qui ont aussi le masculin en â, et donnent toute autre chose que âde au féminin, savoir 1° âhe, 2° âkhe, 3° asse, 4° âte, ou même restent invariables, comme vrâ—vrai, vraie. Or, chaque autre termimaison masculine peut fournir la même variété de terminaisons féminines, que l’usage seul peut apprendre.

Nous nous en tiendrons donc à deux simples remarques :

1° La plupart des adjectifs français en eux, euse, font ou, oûse en bressau, et les adjectifs-substantifs, ou substantifs-adjectifs en eur font ou, rasse ; les premiers correspondent à oux et les seconds à our du v. français.

2° Les adjectifs en an, en (français ant, ent), restent invariables au féminin, comme dans le v. français ; excepté néanmoins gran—grand, qui fait grante quand il vient après le substantif, ou quand il en est simplement séparé : ène gran bwayesse—une grande fille, ène bwayesse grante et bwòne ai mairiè—une fille grande et bonne à marier, ène bwayesse qu’a ja grante—une fille qui est déjà grande.

Les adjectifs pris substantivement ou substantifs pris adjectivement se fabriquent à volonté sur toute espèce de verbes ; à moins que la place ne soit déjà occupée par d’autres équivalents, qui font, les uns â-âde, les autres elé-èle ; exemples : brayâ, brayâde—pleuruicheur, habelé, habèle—hablard ; et tous ont un sens défavorable ou de répréhension.

DEGRÉS DE SIGNIFICATION

Le comparatif d’égalité s’exprime par aussi, celui de supériorité par pu—plus, d’infériorité par mwò–moins, ou mi si