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lé tò s’aineûte—le ciel s’assombrit, prò le cisẽ et cõpe lé nou—prends le(s) ciseau(x) et coupe le nœud.

Il s’élide comme en français, en d’autres termes, l’e reste muet devant une voyelle : tiõ l’eukhe—ferme la porte.

De—de. Il fait au commencement de la phrase, et au milieu après un e muet et devant une consonne et même en toute position après une suspension, si courte qu’elle puisse être, pourvu qu’elle simule un recommencement de phrase : dé l’agen, té ne n’airẽ pwò—de l’argent, tu n’en auras point, in moukhẽ de pain—un morceau de pain, ène peice dé tâte—une pièce de tarte, das besògne d’eutau qué lai sôhon cómande—des besognes d’intérieur que la saison commande.

Il s’élide aussi devant une voyelle : in wére d’auve—un verre d’eau.

De le, se contracte en di, comme le français en du : lé mu di beurheû—le mur du champ. Cette contraction se fait également avec le, pronom et régime d’un verbe : el a tò di moukhena—il est temps de le moissonner ; mais elle n’a pas lieu quand le doit s’élider : i n’â mi lehé de l’aîtòn’de—je n’ai pas (le) loisir de l’attendre. On verra plus loin que le bressau contracte de même me le en mi, te le en ti, se te en si, ne le en ni.

I—au. Cette contraction de ai le en i, n’a pas lieu, non plus que celle du français à le en au, quand le doit s’élider : Ai l’aufeû—au foyer (c’est-à-dire à la cuisine). On dit bien ai lé, mais alors est pronom : ije â pwaula ai lé—j’ai parlé à lui.

Féminin singulier :

Lai—la ; il y a élision comme en français, devant une voyelle : lai hlîne—la poule, l’õe—l’oie.