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ai-y-oûre dute—à heure due. Mais la préposition è—en reprend quelquefois l’euphonique n au lieu de l’y, comme dans ces phrases : mate è-n-ieuve—mettre en œuvre, bóta è-n-aivan—mettre en avant.

La versification patoise n’a aucune règle particulière. Elle n’a jamais été pratiquée d’une manière sérieuse et méthodique. Le paysan se contente de bouts rimés ; il ne rime ni ne mesure que par à peu près. Si donc vous voyez une poésie patoise rimée et mesurée à la rigueur, tenez pour certain que c’est l’œuvre d’un lettré. Au reste, les patois peuvent se mettre en vers tout aussi parfaitement que les langues les plus littéraires. Pour la rime, il faut qu’elle roule sur des syllabes de même nuance vocalique et de même quantité prosodique. Pour la mesure, il ne faut jamais compter l’e effectivement muet ; cela ferait un horrible jargon. Enfin on peut, et on doit ne tenir compte que des hiatus réels, ceux qui proviennent de la même voyelle nuancée de la même façon. Observons que la suppression des consonnes parasites augmente la facilité de rimer pour l’œil en même temps que pour l’oreille.

Non plus que le grec d’Homère et l’hébreu de Moyse, les patois ne connaissent cette convention de précieuses ridicules, qui consiste à distinguer les termes nobles et les termes vulgaires, les expressions poétiques et les expressions prosaïques ; il n’y a, en effet, d’élevé ou de bas, de poétique ou de prosaïque, que les objets eux-mêmes, les pensées et les sentiments.

TABLEAU RÉCAPITULATIF DES ARTICULATIONS PROPRES AU PATOIS DE LA BRESSE

L’usage français fait la base de notre orthographe. Nous