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tête—ils étaient = è tête ; el airon—ils auront = él’ airon.

Enfin nous conservons toujours, bien qu’il ne se prononce jamais, le t de la conjonction et, parce que sans amener aucune difficulté ou confusion, il a l’avantage de distinguer cette particule de plusieurs autres en è pur, d’un usage très fréquent.

C’est ici le lieu d’expliquer le choix que nous avons fait de l’expression graphique kh pour la spiration palatale.

Au défaut du français, nous avons dû recourir à l’une ou à l’autre des langues où cette articulation est usuelle pour leur emprunter le signe qui s’accorderait le mieux avec notre alphabet. Et d’abord nous avons rejeté sans nulle hésitation le hh, imaginé tout à l’aventure par l’abbé Petin, et adopté de confiance après lui par les patoisants qui ont eu besoin de quelque chose d’équivalent. Selon toutes les conventions reçues, ce hh indique naturellement un renforcement effroyable de l’aspiration du gosier ; et, dans le fait, tous ces savants ou amateurs, M. Adam excepté, prennent le change sur la vraie nature de la spiration palatale et la donnent pour ultra-gutturale ; mais c’est une grave erreur ; et l’écrire par hh est un vrai contre-sens, autant qu’il peut y en avoir dans les choses de convention.

Aucune langue littéraire ne s’est trompée sur un point tout à la fois aussi élémentaire et aussi important.

Le grec écrit la spiration palatale par χ (khi), le latin par ch=kh (car le c latin est toujours dur), l’allemand par ch=kh, le breton par c’h=kh, le russe par Х (khâ), l’espagnol par x, par g doux et par j, une foule de langues orientales par kh, etc., etc.

Nous nous étions primitivement arrêté à l’x espagnol, d’abord parce que le son de cette spirante, comme le j fr., est assez voisin de la spiration du palais ; ensuite parce qu’il sonnait ordinairement de même en v. fr. austrasien, s’il est permis