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l’autre toutes les voyelles en toutes positions ; ce qui lui est commun avec la plupart des langues indo-européennes[1] ; mais ce qui lui est particulier entre beaucoup de celles-ci, c’est d’aspirer encore toutes les consonnes, moins toutefois les sifflantes f et v, c doux, s, x et z et ch français, par la raison que f et v s’articulent trop loin du gosier et du palais, et que c doux, s, x, z, ch et j français ont avec les aspirations une telle affinité qu’ils leur cèdent la place très souvent.

Selon les rapprochements physiologiques, l’aspiration des consonnes douces b, d, g (doux et dur), j et w se fait par le gosier ; l’aspiration des consonnes fortes c dur ou k ou q, p et t se fait par le palais ; celle des liquides ou moyennes l, m, n, r se fait indifféremment des deux manières. Et ces aspirations saisissent leurs consonnes directement, sans préparation, au commencement des mots tout aussi bien qu’au milieu[2], comme on peut le voir par des exemples pris dans chaque catégorie.

Douces b, d, g, j, w aspirées par h : hboûla—ébouler ; èhbwa—gourmand ; hdôna—étourdir par une chute sur le dos ; dèhdôna—faire passer cet étourdissement ; hgóta—égoutter ; érhguînè—observer avec trop d’attention et en dessous ; hjada—gambader ; érhjada—recommencer à gambader ; hwauda—crier joyeusement iou ! iou ! ; dèhwaula—démancher.

Fortes c dur (ou k, ou q), p, t aspirées par kh :

Khcâfe—coque, coquille ; dèkhcalbeuché—couper les tronçons de branches et les nœuds d’un arbre ; khqwâre—équerre ; s’aikhkeuché—se précipiter en avant ; khparle—éclisse ; dèkhpilè—ôter la graine de la gousse ; khta—goutte qui tombe ; raijókhton—complément ajouté.

  1. Le français, l’italien, le portugais et l’anglais n’ont pas la spiration palatale.
  2. Il y a cependant une légère exception pour r qui ne s’aspire plus qu’au milieu des mots.