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lûre—luire ; et quelquefois à i, exemple : bi—buis ; quelquefois à eu, exemples : eûte—huit, peû—puits, keûte—cuite, etc.

CONSONNES

Les consonnes b, c, d, f, g dur, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v et z s’articulent à la française. Nous conservons l’usage de faire sonner le c doux comme l’s dure, et l’s douce comme le z ; c’est un sacrifice à la mode que nous ne faisons pas sans regret.

Le ch, le g doux et le j, l’h et le kh ont des articulations étrangères qui demandent une explication toute spéciale.

CH

Cette consonne graphiquement composée, essentiellement sifflante en français, est au contraire explosive en bressau comme en anglais et en espagnol. On peut en figurer l’articulation d’une manière assez exacte par tch[1]. C’est encore la même que celle du c devant e et i en italien.

Cependant ch reprend l’articulation sifflante du français lorsqu’il est suivi d’une autre consonne sans interposition sensible d’une voyelle. Dans cette phrase : aitale nóte chévau—attèle notre cheval, le ch de chévau se prononce d’une manière explosive, tch. Dans celle autre phrase : aitale lé chevau—attèle le cheval, ch se prononce à la manière sifflante française, parce que l’e de che rendu muet par l’e réveillé de l’article , est comme s’il n’était pas et donne en réalité chvau.

  1. Nous disons seulement assez exacte, car dans le fait le t ne s’entend pas.