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AU, AI, EI

Ces trois graphismes sont purement et simplement de doubles emplois. Au est identique à ó (o ouvert et long), et ai, ei à è (e ouvert et bref). Nous aurions pu les exclure du terrain neuf sur lequel nous travaillons ; mais nous cédons à l’exemple du français, parce que nous n’y voyons pas de sérieux inconvénient.

DIPHTHONGUES

Les quatre voyelles a, e, i, o se diphthonguent soit par i, soit par w ; les sous-voyelles eu et ou ne se diphthonguent que par i ; l’u ne se diphthongue d’aucune manière.

On peut y joindre la diphthongaison inverse ou renversée produite par l’e muet sur une voyelle antécédente : ae, èe, ie, ue, eue, oue, etc.

La diphthongaison par i, y, et celle que produit l’e muet, reviennent à un simple, mais fort mouiilement. On ne saurait dire la même chose de la diphthongaison par w. Celle-ci n’existe pas en français, mais elle caractérise tout particulièrement l’italien et l’espagnol, aussi bien que notre idiome vosgien. Cependant le français cherche à s’en rapprocher par la prononciation moderne de la syllabe oi ; la prononciation ancienne était beaucoup plus étroite, et elle se retrouve à peu près dans , qui est celle du bressau ; fwé—foi, bwé—boit ; on prononce un peu moins étroitement les mots empruntés au français : loi, voix, etc.

Le bressau n’admet pas la diphthongue française ui ; il la réduit ordinairement à u ; exemple : condûre—conduire,