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plus vil que le pied ? Quoi de plus noble que la tête, et de plus nécessaire ? Car, c’est là surtout ce qui constitue l’homme, la tête. Et cependant la tête ne suffit pas ; elle ne pourrait tout faire par elle-même ; si elle pouvait tout faire, les pieds seraient superflus. Toutefois, il ne s’arrête pas là, mais il veut prouver surabondamment son dire, c’est son habitude ; la juste mesure ne lui suffit pas, il va plus loin, et voilà pourquoi il ajoute : « Mais au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont, bien plus nécessaires. Nous honorons même davantage les parties du corps qui paraissent moins honorables, et nous couvrons avec plus de soin et d’honnêteté, celles qui sont moins honnêtes (22, 23) ».
Il continue sa comparaison avec les membres du corps, et, par là, il console et il réprime. Je ne dis pas seulement, dit l’apôtre, que les parties les plus considérables aient besoin de celles qui le sont moins, mais encore qu’elles en ont un grand besoin. S’il y a en effet, en nous, quelque chose d’infirme, de peu honnête, cela est nécessaire, et reçoit un plus grand honneur, et c’est avec raison qu’il dit : « Qui paraissent, et que nous considérons comme moins honnêtes », montrant par là que ce n’est pas la nature qui parle, mais l’opinion. Il n’y a rien en nous qui ne soit honorable, car tout est l’ouvrage de Dieu. Par exemple ; qu’est-ce qui paraît moins mériter d’être honoré que les organes de la génération ? Nous les entourons cependant de plus d’honneur que les autres parties du corps, et ceux qui sont tout à fait pauvres, eussent-ils tout le reste du corps à nu ; ne souffriront jamais de montrer ces parties nues. Et cependant, ce n’est pas ainsi que l’on se comporte avec les choses qui sont en réalité moins honorables ; il conviendrait de leur marquer plus de mépris qu’aux autres. En effet, dans l’intérieur d’une maison, l’esclave regardé aveu ignominie, non seulement n’a pas un traitement supérieur, mais il ne reçoit même pas un traitement égal. Ici, au contraire, ces membres jouissent d’un plus grand honneur, et c’est l’œuvre de la sagesse de Dieu. Parmi nos membres, la nature a donné, aux uns les honneurs, de manière qu’ils n’aient pas à les réclamer ; la nature les a refusés aux autres, pour nous forcer à les leur rendre ; niais ils ne sont pas pour cela sans honneur, puisque les animaux naturellement n’ont besoin de rien, ni de vêtements, ni de chaussures, ni d’abri, le plus grand nombre d’entre eux du moins. Notre corps néanmoins n’est pas moins honorable que leur corps, pour avoir tous ces besoins. Il suffit de la réflexion pour voir que la nature même a fait ces parties et honorables et nécessaires. C’est ce que l’apôtre lui-même a insinué, ne se fondant ni sur le soin que nous en prenons, ni sur le plus grand Bonheur dont nous les entourons ; mais sur la nature même. Aussi,.après avoir parlé des membres faibles et moins honorables, il dit : « Qui paraissent ». Quand il en proclame la nécessité, il ne dit, plus : qui paraissent nécessaires, mais, sans hésitation aucune, il dit qu’ils sont nécessaires. Et c’est avec raison, car, et pour la procréation des enfants et pour la succession de notre race, ces membres nous sont utiles. Aussi les lois romaines punissent-elles ceux qui les détruisent et qui font des eunuques. C’est un attentat contre notre race ; c’est un outrage fait à la nature même ; périssent les impudiques qui calomnient les ouvrages de Dieu ! De même que les malédictions contre le vin, résultent du vice de ceux qui s’enivrent ; de même pour les malédictions contre le sexe des femmes, il faut s’en prendre aux adultères. Si l’on a regardé ces membres comme honteux, c’est à cause du mauvais usage que quelques-uns en font. Ce n’est pas ainsi qu’il fallait raisonner ; ce n’est pas à la nature de la chose que le péché s’attache, c’est à la volonté criminelle qui le produit. Maintenant quelques interprètes pensent que ces membres faibles, et ces membres peu honnêtes et nécessaires, et qui jouissent d’un plus grand honneur, dans la pensée de Paul, sont les yeux, lesquels sont sans force, mais d’une utilité supérieure aux autres ; que les parties les moins honnêtes sont les pieds, car eux aussi sont entourés d’un grand nombre de soins prévoyants.
2. Ensuite, pour ne rien ajouter à ce développement déjà surabondant, l’apôtre dit « Car pour celles qui sont honnêtes, elles n’en « ont pas besoin (24) ». L’apôtre ne veut pas qu’on lui dise : est-il juste de dédaigner les parties honorables, et d’entourer de ses soins les moins honorables ? Ce n’est pas par dédain, dit l’apôtre, que nous agissons ainsi ; mais c’est que ces parties n’ont pas besoin de nos soins. Et voyez quel grand éloge il fait