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l’amitié. Détruisez l’amitié, et vous aurez tout détruit, vous aurez tout confondu. Si l’image de la charité a tant de puissance, quelle force n’aura pas la vérité elle-même ? Préparons-nous donc des amis, je vous en prie, que chacun s’applique à cet art. – Mais voici, dites-vous, que je m’y applique, mais celui-ci ne s’y applique pas. – Il y aura pour vous une plus grande récompense. – Oui, dites-vous, mais la chose est plus difficile. – Comment, dites-moi ? Voici que je vous atteste que si vous vous adjoignez seulement dix amis, et que si vous faites cette œuvre comme les apôtres ont fait celle de la prédication, les prophètes celle de l’enseignement, la récompense sera grande. Préparons-nous des images royales, c’est là la marque distinctive des disciples. Comment négligeons-nous de faire une œuvre qui est plus grande que de ressusciter les morts ? Le diadème et la pourpre désignent le roi, et quoiqu’on ait des vêtements d’or, si l’on n’a pas la pourpre, le roi ne se montre pas encore. Ainsi, dans le cas présent, prenez cette marque, et vous vous ferez des amis à vous-même et aux autres. Nul ne voudrait haïr étant aimé lui-même. Apprenons quelles sont les couleurs à mélanger pour parvenir à former cette image ; soyons affables, allons au-devant des amis. Ne dites pas : Si je vois quelqu’un en retard avec moi, je deviens plus méchant que lui ; mais lorsque vous voyez quelqu’un en retard avec vous, allez au-devant et faites cesser sa froideur. Vous le voyez souffrir et vous aggravez son mal ? Appliquons-nous surtout à nous prévenir mutuellement par des témoignages d’honneur. (Rom. 12,10) Ne pensez pas que ce soit se rabaisser soi-même que de tenir les autres pour supérieurs à nous. Si vous prévenez cet homme par l’honneur que vous lui rendez, vous vous honorez bien plus encore vous-même, à cause de l’honneur que vous vous attirez. Cédons partout aux autres les premières places. N’ayons aucun souvenir du mal qu’on nous a fait, ne nous souvenons que du bien. Rien ne rend si cher qu’un langage gracieux, des paroles bienséantes, un esprit sans morgue, méprisant la gloriole et les honneurs. Si nous agissons ainsi, nous serons inaccessibles aux embûches du diable, et, après avoir suivi avec exactitude les sentiers de la vertu, nous pourrons jouir des biens promis à ceux qui aiment, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui appartient gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.