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HOMÉLIE LVIII


« OR, COMME ILS ÉTAIENT EN GALILÉE, JÉSUS LEUR DIT : LE FILS DE L’HOMME DOIT ÊTRE LIVRÉ ENTRE LES MAINS DES HOMMES. ET ILS LE FERONT MOURIR, ET IL RESSUSCITERA LE TROISIÈME JOUR : CE QUI LES AFFLIGEA EXTRÊMEMENT ». (CHAP. 17,21, 22, JUSQU’AU VERSET 7, DU CHAP. XVIII)

ANALYSE.

  • 1. Qu’était-ce que le didrachme.
  • 2. Pierre était du nombre des premiers-nés. – Il faut que l’humilité précède celui qui veut entrer dans le royaume des cieux.
  • 3. Jésus-Christ dans ses instructions, emprunte souvent des exemples à la nature ; les manichéens ont donc tort de condamner la nature comme mauvaise en elle-même.
  • 4 et 5. Qu’il ne faut pas tirer vanité de sa naissance. – Combien ce qu’on appelle noblesse dans le monde se réduit à peu de choses. – À combien de maux sont sujets les riches. – Que la vraie liberté ne se trouve point dans les personnes du monde, mais dans celles qui sont en Dieu. – Combien les favoris des rois sont esclaves. – Que les biens du monde sont des maux ; et que les maux des justes sont des biens.


1. Jésus-Christ, mes frères, entretient ses apôtres de sa croix et de sa passion pour les empêcher de s’ennuyer en Gaulée et de dire : Que faisons-nous si longtemps en ce pays ? Le Sauveur savait que ce discours leur ôterait jusqu’à la pensée de revoir Jérusalem. Mais admirez comment, après les reproches que Jésus-Christ fit à saint Pierre, après les entretiens de Moïse et d’Élie, qui appelaient la passion de Jésus-Christ son triomphe et « sa gloire », après la voix que le Père fit entendre sur le Thabor, après tant de différents miracles, enfin après l’assurance de sa résurrection qui ne devait être différée que de trois jours, les disciples néanmoins ne peuvent souffrir que Jésus-Christ leur parle de sa passion, et « qu’ils s’affligent aussitôt » qu’il leur en parle. C’est sans doute parce qu’ils ne comprenaient pas toute la force des paroles de Jésus-Christ, comme le marquent saint Luc (chap. 9) et saint Marc (chap. 9), qui disent clairement « qu’ils ignoraient cette parole, qu’elle leur était cachée, et qu’ils craignaient de l’interroger ». Mais ne peut-on pas demander, puisqu’ils ignoraient ces paroles, comment ils pouvaient, s’en affliger. Il est visible qu’ils ne les pouvaient ignorer entièrement et qu’ils comprenaient assez par de si fréquentes redites que leur Maître devait mourir. Mais ils ne comprenaient pas qu’il dût ressusciter, ensuite, ni quand ni comment il le ferait. Ils ne prévoyaient point les grands biens que sa mort devait apporter au monde, ni la gloire infinie qui la devait suivre. C’était cette ignorance qui causait leur douleur, parce qu’ils étaient fort attachés à leur Maître.
« Mais lorsqu’ils furent venus à Capharnaüm, ceux qui recevaient le tribut des deux drachmes vinrent dire à Pierre : Votre Maître ne paye-t-il pas le tribut (23) » ? Quel était, mes frères, ce tribut des deux drachmes ? Voici en un mot ce qui, y avait donné lieu. Quand Dieu frappa l’Égypte de la plaie épouvantable par laquelle il fit mourir, ses premiers-nés, il voulut, en souvenir de ce miracle, se réserver la tribu entière de Lévi, au lieu des premiers-nés de toutes les autres tribus. Mais comme dans la suite le nombre des premiers – nés de toutes les tribus surpassait celui des hommes de la tribu de Lévi, Dieu commanda que pour y suppléer le premier-né de chaque maison lui offrît deux drachmes. Ce qui se fit dans la suite et se pratiqua très-exactement. Comme donc Jésus-Christ était du nombre des premiers-nés et que Pierre paraissait le premier de tous les apôtres, les juifs s’adressent à celui-ci pour exiger ce tribut. Je soupçonne que chacun payait cet impôt dans