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la suivre en tout. Lorsqu’après avoir fait tant d’actions illustres, il vit son fils Absalon, ce tyran cruel, ce parricide, ce meurtrier de son frère, cet insolent et ce furieux, qui voulait se faire roi au lieu de lui, il ne fut point ébranlé par une si rude épreuve : Si la volonté de Dieu, dit-il, est que je sois chassé, que je sois errant et fugitif, et que mon fils soit en honneur, je le veux de tout mon cœur, et je rends grâces à mon Dieu pour cette foule de maux dont il m’accable.
Il était bien différent de ces hommes téméraires jusqu’à l’effronterie contre la Majesté divine, lesquels, sans posséder la moindre partie des mérites de ce saint roi, s’irritent de la plus petite contrariété qui leur arrive, surtout s’ils voient les autres dans la prospérité, et perdent leurs âmes en éclatant en mille blasphèmes. David au contraire, au milieu des maux, fait voir une douceur, une modération, et une patience admirables ; ce qui fait dire à Dieu : « J’ai trouvé David, fils de Jessé, qui est un homme selon mon cœur. » (Act. 22) Imitons nous-mêmes cette disposition de David. Quoi que nous souffrions, souffrons-le avec courage, pour recevoir, avant la récompense qui nous est promise, le fruit de notre humilité, selon la parole de Jésus-Christ : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. » (Mt. 2,26) Pour jouir de ce repos et en ce monde et dans l’autre, ayons soin de graver profondément dans nos cœurs cette humilité sainte, qui est la mère de toutes les vertus. Ainsi nous jouirons d’un calme continuel parmi les tempêtes de cette vie, et nous arriverons enfin à ce port de l’éternité, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE IV


DONC, D’ABRAHAM JUSQU’A DAVID, QUATORZE GÉNÉRATIONS ; DE DAVID JUSQU’À LA TRANSMIGRATION BABYLONE, QUATORZE GÉNÉRATIONS ; ET DE LA TRANSMIGRATION DE BABYLONE JUSQU’A JÉSUS-CHRIST, QUATORZE GÉNÉRATIONS (CHAP. 1,17, JUSQU’AU VERS. 21).

ANALYSE.

  • 1. Diverses questions sur la manière dont chaque Évangéliste a procédé. Miracles plus ou moins nécessaires et plus ou moins nombreux suivant les temps. Qu’on en vit sous Julien l’Apostat.
  • 2. Diverses remarques sur la généalogie de Jésus-Christ par saint Matthieu.
  • 3. Si nous ne pouvons pas savoir même comment la nature agit dans les autres femmes, serait-il convenable de scruter dans la Vierge l’opération du Saint-Esprit ?
  • 4. Eloge de saint Joseph.
  • 5. Apparition de l’ange à Joseph.
  • 6. et 7. Explication des paroles que l’ange adresse à Joseph.
  • 8-12. Exhortation à combattre ses passions et à faire l’aumône. Éloge de la pauvreté. Il la compare à la fournaise de Babylone.


1. L’Évangéliste divise en trois parties toutes ces générations, pour montrer aux Juifs que toutes leurs transformations politiques n’ont pu les rendre meilleurs, que sous tous les gouvernements, aristocratique, monarchique, oligarchique, ils ont toujours vécu dans les mêmes misères morales ; sans que ni leurs juges, ni leurs rois, ni leurs prêtres aient pu les faire avancer d’un pas dans la voie de la vertu.
Mais pourquoi dans la seconde partie passe-t-il trois rois de suite ? ou pourquoi dans la dernière, n’ayant mis que douze générations, en compte-t-il néanmoins quatorze ? Je vous laisse à résoudre la première de ces difficultés. Car il n’est pas nécessaire que je le fasse toujours moi-même, afin que vous ne deveniez pas lents et paresseux. Je passe donc à la seconde. Pour moi, je crois qu’il compte le temps de la captivité pour une génération, et la naissance de Jésus-Christ pour une autre, car tout ce qui rapproche le Christ de l’humanité, notre Évangéliste le rapporte avec un soin particulier. Et il rappelle le souvenir de cette captivité fort à propos, pour leur montrer qu’ils