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QUINZIÈME HOMÉLIE.


« Mais il ne se trouvait point pour Adam d’aide semblable à lui : Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil ; et pendant qu’il dormait, Dieu prit une de ses côtes et mit de la chair en sa place. Et Dieu produisit la femme de la côte qu’il avait ôtée à Adam. » (Gen. 2,20-22)

ANALYSE.

  • 1. Saint Chrysostome, après avoir félicité ses auditeurs de leur zèle à entendre la parole divine, preuve l’excellence de la femme par ces paroles : « Il ne se trouvait point pour Adam d’aidé semblable à lui ; » et il en fait ressortir sa supériorité sur les animaux qui ne sont que les serviteurs de l’homme, tandis que la femme est sa compagne. – 2. Il explique ensuite le sommeil mystérieux envoyé à Adam, et la manière dont le Seigneur forma la femme. – 3. Le mode seul de cette formation montre, selon la parole de l’Apôtre, que la femme a été créée pour l’homme ; aussi en la voyant. Adam s’écria-t-il par suite d’une révélation prophétique : « Voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » – 4. L’orateur explique ensuite comment Adam et Eve ne rougissaient pas de leur nudité en disant qu’ils étaient revêtus d’innocence et de – pureté, et que leur vie, avant le péché, était tout angélique. – 5. En terminant, il ramène l’attention de ses auditeurs à la manière, dont ils ont passé la première moitié du carême, et les engage à éviter les différents péchés qui se commettent par la langue.


1. Je vous suis bien reconnaissant de ce que trier vous m’avez écouté avec tant de bienveillance. La longueur de notre entretien n’a point paru vous fatiguer, et votre attention s’est soutenue depuis le commencement jusqu’à la fin. Aussi suis-, fie fondé à espérer que vous mettrez mes conseils en pratique. Car celui qui écoute 7a parole sainte avec tant de plaisir témoigne bien qu’il veut y conformer sa conduite ; et `d’ailleurs le nombreux concours de ce soir suffirait seul pour me garantir vos heureuses dispositions. Un bon appétit est un signe de bonne santé, et de même la faim de la parole divine est l’indice d’une âme très-bien disposée. Mais puisque votre zèle me promet des fruits abondants, et qu’il me garantit que vous vous conformerez à mes enseignements, comment ne pas vous donner, mes chers frères, la récompense que je vous promis hier ? J’entends cette doctrine spirituelle que je vous distribue sans m’appauvrir, et qui néanmoins vous rend plus riches. Telle est en effet la nature des biens spirituels, qui sous ce rapport sont fort différents des biens temporels. Car à l’égard de ces derniers, on ne saurait en être prodigue, ni enrichir les autres qu’à ses dépens ; ici au contraire on augmente ses propres trésors en les distribuant, et l’on multiplie les richesses de ses frères.
De mon côté, je suis tout disposé à vous communiquer ces biens spirituels, et du vôtre les âmes s’ouvrent et se dilatent pour les recevoir ; il faut donc que je vous donne de ma plénitude, et que je m’acquitte de ma dette en vous expliquant les versets de la Genèse qui viennent d’être lus. Oui je veux, mes chers frères en faire le sujet de cet entretien, en rechercher avec soin le sens caché, et vous enrichir de leurs abondants trésors. L’Écriture nous dit : Mais pour Adam il ne se trouvait point d’aide qui lui fût semblable ; que signifie cette parole, mais pour Adam ? et pourquoi employer ici cette conjonction ? ne suffisait-il pas de dire : pour Adam il ne se trouvait pas d’aide ? ce n’est point sans raison, ni par simple curiosité que j’entre dans ce détail, et je me propose de vous apprendre par ce minutieux examen due dans l’Écriture il ne faut passer légèrement ni sur un mot, ni sur une syllabe. Car ce ne sont point ici