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aux mêmes infirmités du corps. Leurs exemples vous prouvent que cette haute vertu ne nous est pas impossible, et ils nous animent à profiter pour l’acquérir de toutes les occasions que le Seigneur nous ménage. Et en effet, il connaît notre faiblesse, et le penchant qui nous entraîne vers le mal. C’est pourquoi il nous a laissé dans les saintes Écritures des remèdes aussi efficaces qu’abondants, et il ne dépend que de nous de les appliquer sur nos blessures. De plus, il met sous nos yeux la vie des saints comme une pressante exhortation à la vertu. Gardons-nous donc de négliger nos devoirs ; mais fuyons le péché, et ne nous rendons point indignes des biens ineffables du ciel. Puissions-nous les obtenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’empire et l’honneur, maintenant, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

TREIZIÈME HOMÉLIE.


« Or le Seigneur Dieu avait dans Éden, vers l’Orient, un jardin de délices, et il y plaça l’homme qu’il avait formé. » (Gen. 2,8)

ANALYSE.

  • 1. Saint Chrysostome se réjouit de l’empressement de ses auditeurs, et leur promet d’y répondre par un zèle nouveau. – 2. Il reprend ensuite brièvement le récit de la formation de l’homme ; et réfute en passant l’erreur de ceux qui regardaient l’âme comme une partie de la divinité. – 3. Abordant les paroles de son texte, il dit que le mot planté qu’emploie l’Écriture, exprime qu’à l’ordre du Seigneur là terre produisit les différents arbres du jardin de délices ; et il ajoute que Moïse en détermine le lieu pour confondre par avance les fables dé quelques hérétiques. – 4. Le Seigneur y plaça l’homme afin qu’il jouit de toutes ses beautés et de tous ses agréments, et il lui défendit de toucher au fruit de l’arbre de vie, pour éprouver son obéissance, et lui rappeler sa dépendance.


1. Votre empressement et votre ardeur, votre attention et votre concours me ravissent d’admiration ; aussi, malgré le sentiment de ma faiblesse, je me propose de dresser chaque jour pour vous la table d’un festin spirituel. Sans doute cette table sera pauvre et frugale ; mais j’ai confiance en votre zèle, et je sais que vous écouterez ma parole avec plus de joie que l’on n’en témoigne pour un repas grossier et matériel. Ne voyons-nous pas en effet que l’appétit des convives supplée à la frugalité de la table et à la pauvreté de l’hôte, en sorte qu’un maigre repas est mangé avec grand plaisir ; tout au contraire, si on n’apporte qu’un faible appétit à un somptueux festin, la variété et l’abondance des mets deviennent inutiles, parce que personne ne peut en user pleinement ? Mais ici, par la grâce de Dieu, vous vous approchez de cette table spirituelle pleins de ferveur et d’une pieuse avidité, et de mon côté je ne suis pas moins empressé à vous distribuer la parole sainte, parce que je sais que vous l’entendez avec une oreille bien disposée.
Le laboureur qui a trouvé un champ gras et fertile, le cultive avec le plus grand soin ; il travaille le sol, le laboure et en arrache les épines ; il l’ensemence ensuite largement, et, tout rempli de confiance et d’espoir, il attend chaque jour le développement du grain qu’il a confié à une terre féconde. Cependant, il base ses calculs sur la fertilité du sol, et s’apprête à recueillir le centuple de ce qu’il a semé. C’est ainsi qu’en voyant chaque jour votre ferveur s’accroître, votre empressement s’augmenter