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en avait point sur la terre, et toutes les herbes de la campagne, quand la terre n’en produisait point ; car Dieu n’avait point encore répandu la pluie sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour la cultiver. Mais il s’élevait de la terre une source qui en arrosait la surface. (Gen. 2,4-6) Considérez ici, je vous le demande la sagesse admirable de l’écrivain sacré, ou plutôt celle de l’Esprit-Saint qui l’inspirait ; car d’abord, il nous a raconté séparément chaque partie de la création, il nous a décrit les œuvres des six jours, la formation de l’homme et le pouvoir que Dieu lui donna sur toutes les créatures, et maintenant il résume tout son récit en ces mots : Ceci est le livre de la création du ciel et de la terre, quand ils furent créés.
Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt d’examiner pourquoi l’Écriture appelle la Genèse le livre de la création du ciel et de la terre, quoiqu’il comprenne tant d’autres choses. Et en effet ce livre qui raconte les vertus des anciens justes, nous instruit aussi de plusieurs points de doctrine, et en particulier de la bonté de Dieu, et de son indulgence envers le premier homme et tous ses descendants. Il traite également d’un grand nombre d’autres sujets qu’il est inutile de spécifier ici. Mais ne vous en étonnez pas, mon cher frère ; car habituellement l’Écriture sainte n’entre point dans de minutieux détails. Elle se contente d’exposer sommairement les principaux faits, et abandonne le reste au zèle et aux recherches de ses lecteurs. Le passage qu’on vient de lire, en est une preuve frappante. Car après nous avoir précédemment raconté en détail toutes les œuvres des six jours, elle n’en parle plus que pour dire en général : ceci est le livre de la création du ciel et de la terre, quand ils furent créés, au jour que Dieu fit le ciel et la terre.
2. Vous voyez donc que Moïse, en ne nommant ici que le ciel et la terre, nous engage à y contempler tout l’ensemble des créatures. Et en effet il les comprend toutes sous cette désignation, tant celles qui sont dans le ciel, que celles qui sont sur la terre. Désormais il ne reprendra plus le détail de la création, et se bornera à la rappeler sommairement. C’est ainsi qu’il nomme la Genèse entière le livre de la création du ciel et de la terre, quoiqu’elle contienne beaucoup d’autres choses. Il veut donc nous apprendre à les découvrir sous ce titre général, puisqu’en effet toutes les créatures qui existent soit dans le ciel, soit sur la terre, sont nécessairement comprises dans ce livre. Au jour, dit l’Écriture, que Dieu fit le ciel et la terre, et toutes les plantes des champs, quand il n’y en avait point sur la terre, et toutes les herbes de la campagne, quand la terre n’en produisait point. Car Dieu n’avait point encore répandu la pluie sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour la cultiver. Mais il s’élevait de la terre une source qui en arrosait la surface. Ces quelques paroles contiennent un trésor précieux, et je dois vous les expliquer avec beaucoup de circonspection, afin que par le secours de la grâce divine, je puisse vous faire profiter de ces richesses spirituelles.
L’Esprit-Saint qui prévoit toute la suite des siècles, a voulu dès le principe empêcher que la raison humaine ne contredît les dogmes de l’Église, et ne pervertît le véritable sens de l’Écriture. C’est pourquoi il reprend ici tout l’ordre de la création, et nous rappelle d’abord les œuvres du premier et du second jour ; et puis il nous dit comment au troisième la terre, par l’ordre du Seigneur, fit éclore ses diverses productions sans le concours du soleil qui n’existait pas, et sans l’influence de la pluie, ni le travail de l’homme. Car celui-ci n’avait pas encore été formé. Ainsi la répétition de ces détails a pour but de réprimer l’audace de nos imprudents critiques. Relisons donc ce passage : Au jour que Dieu fit le ciel et la terre, et toutes les plantes des champs, quand il n’y en avait point sur la terre, et toutes les herbes de la campagne, quand la terre n’en produisait point. Car Dieu n’avait point encore répandu la pluie sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour la cultiver : Mais il s’élevait de la terre une source qui en arrosait la surface.
L’Écriture nous révèle donc que soudain, à la parole et à l’ordre du Seigneur, toutes les créatures sortirent du néant, et reçurent l’existence. Alors la terre enfanta les plantes des champs, et sous ce nom sont comprises toutes ses diverses productions ; mais au sujet de la pluie, la même Écriture observe que Dieu ne l’avait pas encore répandue sur la terre, c’est-à-dire qu’il ne l’avait pas encore fait tomber du haut du ciel. Enfin elle nous prouve que la terre ne devait point sa fécondité au travail de l’homme, puisqu’il n’y avait point d’homme pour la cultiver. Apprenez, nous dit-elle, et n’oubliez point quelle est l’origine de toutes