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leur adoucira cette privation, si elle leur rapporte cet entretien. Ce sera même de votre part un sincère témoignage de charité. Car si un ami se plaît à partager sa table avec ses amis, combien est-il mieux encore de partager avec eux les joies de ces festins spirituels ! Nous y trouverons nous-mêmes un grand profit puisque le zèle qui nous porte à instruire nos frères, leur est utile, et devient également pour nous un titre aux plus belles récompenses. Nous y faisons ainsi un double profit. Car Dieu nous tiendra compte de notre charité, et puis en instruisant les autres, nous gravons plus profondément en notre esprit le souvenir des leçons que nous avons entendues.
8. Ne refusez donc point à vos frères un service dont vous retirerez vous-mêmes de si grands avantages, et redites-leur les instructions de ce soir. Mais afin qu’ils ne vous soient pas toujours redevables de ce bienfait, amenez-les ici, et dites leur bien que d’avoir anticipé l’heure du repas n’est pas une raison, pour s’abstenir de nos conférences. Car tous les temps sont propres pour nous instruire. Et en effet, qui nous empêche, dans l’intérieur de nos maisons, avant, ou après nos repas, de prendre en mains les saintes Écritures, et de donner à notre âme une bonne et utile nourriture. Car si le corps réclame des aliments matériels, l’âme a également besoin chaque jour d’une nourriture spirituelle qui la fortifie, et lui permette de résister aux attaques de la chair. Autrement nous succomberions à cette guerre que nous déclarent les ennemis de notre salut, et ils réduiraient notre âme en un triste esclavage, si nous cessions un seul instant d’être forts et vigilants. C’est pourquoi le Psalmiste appelle heureux le juste qui médite nuit et jour la loi du Seigneur ; et Moïse recommande aux Juifs qu’après avoir bu et mangé, et s’être rassasiés, ils se souviennent du Seigneur, leur Dieu. (Ps. 1,2, Deut. 8,10).
Vous voyez donc combien il est utile de donner à notre âme sa nourriture spirituelle ; après avoir accordé au corps celle qu’il réclame. Autrement le corps se maintiendrait frais et dispos, et l’âme affaiblie et – languissante ferait quelque chute, et succomberait aux attaques du démon. Car celui-ci épie toutes les occasions de nous entraîner au péché mortel. C’est pourquoi le même Moïse nous donne cet avis : Avant de dormir et ci votre réveil, souvenez-vous du Seigneur votre Dieu. (Deut. 6,7) Ainsi ce souvenir ne doit jamais s’effacer de notre mémoire, mais nous être toujours présent, et nous établir dans une continuelle vigilance. Nous devons aussi nous tenir sans cesse sur nos gardes, car nous ne pouvons ignorer combien est grande la fureur de notre ennemi. Il est donc nécessaire que nous soyons toujours attentifs et vigilants à lui fermer toute entrée, et à donner chaque jour à notre âme sa nourriture spirituelle. C’est là un moyen assuré de salut, et un trésor de richesses célestes. Si chaque jour nous nous fortifions ainsi par la lecture, l’audition de la parole sainte et de pieux entretiens, nous deviendrons invincibles aux attaques du démon, nous éviterons ses pièges, et nous obtiendrons le royaume des cieux, par la grâce et la bonté dé Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.