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toutes les richesses dont le Seigneur a daigné l’embellir. Les ornements du ciel sont le soleil, là lune, la variété des étoiles, et toutes les créatures intermédiaires. C’est pourquoi la sainte Écriture ne mentionne ici que le ciel et la terre, parce qu’elle comprend sous ces deux éléments tout l’ensemble de la création.
Et Dieu acheva le sixième jour toute son œuvre. L’écrivain sacré le répète ici afin que nous sachions bien que la création fut entièrement accomplie dans cet espace de six jours. Dieu acheva donc le sixième jour toute son œuvre, et se reposa le septième de tous les ouvrages qu’il avait faits. Qu’est-ce à dire que Dieu se reposa le septième jour de tous les ouvrages qu’il avait faits ? Évidemment l’Écriture s’exprime d’une façon humaine, et se proportionne à notre faiblesse. Sans cette condescendance, il nous eût été impossible de comprendre sa pensée. «  Et Dieu, dit-elle, se reposa le septième jour de tous les ouvrages qu’il avait faits : c’est-à-dire qu’il s’arrêta dans l’œuvre de la création, et qu’il cessa de tirer du néant de nouvelles créatures. Et en effet, il avait produit toutes et chacune des créatures, et il avait formé l’homme qui devait en-jouir.
Et Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia, parce qu’il s’était reposé en ce jour de tous les ouvrages qu’il avait faits. Le Seigneur cessa donc de créer, parce que dans l’espace de six jours il avait produit toutes les créatures auxquelles sa bonté destinait l1existence. Il se reposa donc le septième jour, ne voulant plus rien créer ; car selon ses desseins, l’œuvre de la création était achevée. Mais pour que ce septième jour eût, lui aussi, quelque prérogative, et qu’il ne fût pas inférieur aux autres jours, puisqu’il ne devait éclairer aucune production nouvelle, il daigna le bénir. Et Dieu, dit l’Écriture, bénit le septième jour, et le sanctifia. Quoi donc ! Est-ce que les six autres jours n’avaient pas été bénis ? Sans doute, ils l’avaient été, puisque en chacun d’eux le Seigneur avait produit différents ordres de créatures. Voilà pourquoi l’Écriture ne dit pas expressément que Dieu les bénit, tandis qu’elle mentionne ici la bénédiction du septième jour. Et il le sanctifia, dit-elle encore. Que signifie ce mot : et il le sanctifia ? Il nous apprend que Dieu distingua ce jour de tous les autres ; et l’Écriture nous en révèle la raison, quand elle ajoute : Que Dieu sanctifia le septième jour parce que dans ce jour il se reposa de tous les ouvrages qu’il avait faits.
C’est ainsi que dès le commencement un grand mystère nous est révélé, et que nous apprenons à sanctifier un jour de la semaine, en le consacrant aux exercices de la piété. Ce repos du septième jour nous rappelle que Dieu daigna le bénir après avoir achevé dans six jours l’ensemble de la création, et qu’il le sanctifia parce que dans ce jour il s’était reposé de tous les ouvrages qu’il avait faits. Mais ici les pensées se présentent à flots pressés, et je me reprocherais de ne pas vous les communiquer. Camelles me paraissent riches, et je veux vous faire part de leurs richesses. Et d’abord, voici une première question. Dans la Genèse, Moïse nous dit que Dieu se reposa de ses œuvres, et dans l’Évangile, Jésus-Christ nous dit : Mon Père agit toujours, et moi aussi. (Gen. 5,17) Ne semble-t-il pas, au premier coup-d’œil, qu’il y ait ici une contradiction manifeste ? Mais à Dieu ne plaise que l’Écriture soit opposée à l’Écriture ! quand elle nous dit dans la Genèse que Dieu se reposa des ouvrages qu’il avait faits, elle nous enseigne que le septième jour il cessa de créer, et de tirer du néant de nouvelles créatures. Lorsqu’au contraire Jésus-Christ nous dit : Mon Père agit toujours, et moi aussi ; il nous manifeste l’action incessante de la Providence ; et il nomme action, ou opération ce soin qui dirige l’univers, le maintient et le conserve. Eh ! comment subsisterait-il si la main du Seigneur cessait un seul instant de soutenir et de conduire les hommes, les animaux et les éléments ! Au reste, il suffit de réfléchir sérieusement sur les bienfaits dont le Créateur nous comble chaque jour, pour reconnaître combien est immense l’abîme de ses miséricordes. Et pour n’en citer qu’un seul trait, quelle parole et quelle pensée pourrait exprimer cette ineffable bonté qui, toujours généreuse envers l’homme, fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants, qui fait pleuvoir sur les justes et les pécheurs, et qui fournit abondamment à tous leurs besoins.
Peut-être ce discours se prolonge-t-il outre mesure ? Et toutefois il : me semble que ce n’est point inutilement. Car les absents connaîtront mieux le tort qu’ils se font, en se privant, par condescendance pour le corps, des grâces de ce festin spirituel. Mais votre bienveillante