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pourquoi Moïse ajoute immédiatement : et Dieu vit toutes ses œuvres, et elles étaient très-bonnes.
6. On ne peut assez louer l’exactitude de la sainte Écriture. Car par cette seule parole : et Dieu vit toutes ses œuvres, elle ferme la bouche à tous les contradicteurs. Dieu vit donc toutes ses œuvres, et elles étaient très-bonnes : et du soir et du matin se fit le sixième jour. Moïse a dit après chaque création particulière : et Dieu vit que cela était bon. Mais quand l’ensemble de la création a été achevé, et l’œuvre du sixième jour complétée par la formation de, l’homme pour qui l’univers était fait, il observe que Dieu vit toutes ses œuvres, et qu’elles étaient très-bonnes. Ce mot toutes ses œuvres comprend l’universalité des créatures, et les renferme toutes dans le même éloge. Et observez qu’ici Moïse dit expressément toutes les œuvres de Dieu, et non pas seulement toutes choses ; de même qu’il ne dit pas qu’elles étaient bonnes, mais très-bonnes, c’est-à-dire qu’elles étaient éminemment bonnes. Mais puisque le Seigneur, qui a tiré toutes les créatures du néant, les trouve très-bonnes, et éminemment bonnes, quel est l’insensé qui oserait ouvrir la bouche pour le contredire !
C’est lui qui parmi les créatures visibles a créé la lumière et les ténèbres, qui lui sont opposées, le jour et la nuit qui en est la négation. C’est lui qui a commandé à la terre de produire les plantes bienfaisantes et les herbes vénéneuses, les arbres fruitiers, et les arbres stériles, les animaux doux et familiers, et les animaux sauvages et farouches. C’est lui qui a peuplé les eaux des plus petits poissons, non moins que des baleines et des monstres marins, qui a rendu certaines contrées de la terre habitables, et d’autres inhospitalières ; qui a étendu les plaines, et qui a soulevé les collines et les montagnes ; c’est lui qui parmi les oiseaux a créé les espèces domestiques qui servent à notre nourriture, et les espèces sauvages et immondes, comme le vautour et le milan ; et parmi les animaux terrestres il a produit et ceux qui nous sont utiles, et ceux qui nous sont nuisibles, les serpents, les vipères et les dragons, les lions et les léopards. Enfin c’est lui qui, dans les régions de l’atmosphère, enfante également la pluie et les vents bienfaisants, la neige et la grêle. C’est ainsi qu’en parcourant tout l’ordre de la création, nous trouvons toujours le mauvais à côté du bon, et cependant il ne nous est pas permis de déverser le blâme sur aucune créature, et de dire : pourquoi une telle créature, et pour quel but ? Ceci est bien fait, et cela est mal fait. Car l’Écriture prévient et réprime toutes ces critiques en disant qu’à la fin du sixième jour, Dieu ayant achevé la création, vit toutes ses œuvres, et qu’elles étaient très-bonnes.
Quel raisonnement, je vous le demande, pourrait contrebalancer un témoignage d’une telle autorité ? Car c’est le Créateur lui-même qui, énonce son appréciation, et qui déclare que toutes ses œuvres sont bonnes et très-bonnes. Ainsi, lorsque vous entendrez quelqu’un blâmer la création, et s’élever contre l’Écriture sainte, fuyez-le comme un insensé ; ou plutôt ne le fuyez point, mais prenez en pitié son ignorance, et citez-lui ces paroles de nos Livres saints : Dieu vit toutes ses œuvres, et elles étaient très-bonnes. Peut-être parviendrez-vous à corriger l’indiscrétion de son langage. Car dans les choses humaines, nous nous en rapportons à l’avis d’hommes sages et judicieux, en sorte que, loin de les contredire, nous souscrivions à leur jugement, et leur soumettons nos propres lumières. Mais à plus forte raison devons-nous en agir ainsi envers le Dieu, Créateur de l’univers. Dès qu’il a prononcé, il ne nous reste plus qu’à réprimer toute critique et à nous taire ; car il nous doit suffire de savoir et d’être certains orne sa sagesse et sa bonté ont présidé à toutes ses œuvres, et que rien dans la création n’a été fait sans raison et sans motif. Sans doute notre intelligence est trop faible pour que nous pénétrions l’utilité de chaque créature, et néanmoins il n’en est pas une seule qui ne soit l’ouvrage d’une sagesse infinie, et d’une bonté ineffable.
7. Et du soir, et du matin se fit le sixième jour : et comme en ce jour Dieu cessa de produire de nouvelles créatures, Moïse ajoute : Ainsi furent achevés le ciel, la terre et tous leurs ornements. (Gen. 2, 1) Quelle simplicité dans ces paroles ! et comme l’Écriture sainte retranche toute expression vaine et superflue ! Elle se borne à énoncer que l’ensemble de la création fut achevé le sixième jour, et sans répéter de minutieux détails, elle se contente de dire que le ciel et la terre furent achevés avec tous leurs ornements ; c’est-à-dire avec tout ce qu’ils renferment. Or, les ornements de la terre sont ses diverses productions, les plantes, les moissons, les arbres fruitiers, et