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il exerce ses jugements. » (Id. 17) Suivant un autre : « On a connu quand il eut exercé : » en d’autres termes quand il punit, venge, châtie. Autre bienfait attaché à la punition, non seulement elle rend meilleurs ceux qui la subissent, mais encore elle fait briller la lumière de la doctrine, et rien n’est plus propre à convaincre les hommes que Dieu s’occupe de leurs intérêts. Quand Jésus permit que le troupeau de porcs fût précipité et englouti dans la mer, l’admiration fut plus grande que jamais. Il en est de même pour les Juifs de l’Ancien Testament. « Lorsqu’il les faisait périr, c’est alors qu’ils le recherchaient (Ps. 77,34) », pour parler comme le Prophète. Et pourquoi donc Dieu n’a-t-il pas recours plus souvent à ce moyen ? Parce qu’il veut que la vertu soit un fruit du libre arbitre plutôt que de la contrainte, des bienfaits plutôt que des punitions. Mais ne vaut-il pas mieux, dira-t-on, être bon par nécessité que méchant par un libre choix ? Il n’est pas possible d’être bon par nécessité. Celui qui est honnête parce qu’il est enchaîné, ne sera pas toujours honnête ; une fois mis en liberté, il retournera à ses habitudes perverses ; au contraire, celui qu’une bonne éducation a rendu honnête, demeure inébranlable. « Le pécheur a été pris dans les ouvrages de ses mains. » Non pas des mains de Dieu, de celles du pécheur.
8. Voyez-vous comment il varie son discours en faisant intervenir tantôt la vindicte céleste, tantôt le châtiment infligé par le vice lui-même. D’abord la vindicte céleste : « On connaît le Seigneur quand il exerce ses jugements. » Ensuite le châtiment infligé par le vice : « Les nations sont restées prises dans le piège de perdition qu’elles avaient tendu. » Et voici qui regarde encore la punition de la perversité par elle-même : « Le pécheur a été pris dans les ouvrages de ses mains. » N’allez donc pas croire que vous préparez la ruine du prochain quand vous complotez contre lui c’est pour vous-mêmes que vous tressez vos filets. « Chant, hommage perpétuel. » Suivant d’autres : « Cri perpétuel, mélodie sans fin. » En hébreu : « Eggaon sel. » Que les pécheurs « soient précipités dans l’enfer, et toutes les nations qui oublient Dieu. » (IX, 18) Suivant un autre : « S’en iront. » Il insiste sur le même sujet, continuant à montrer que le châtiment est étroitement uni au vice, que l’impiété engendre la mort, et le péché, les périls. « Parce que le pauvre ne sera pas oublié jusqu’à la fin : la patience des pauvres ne périra pas pour toujours. » (Id. 19) Un autre interprète dit : « Car l’attente des hommes de paix ne sera pas oubliée jusqu’à la fin. » Remarquez cette expression : « Jusqu’à la fin » elle nous montre qu’on ne reste pas toujours en quête du repos. Que deviendrait la patience, si l’on devait demeurer dans un repos continuel ? Voici le sens de ses paroles : Les méchants seront punis et subiront les peines les plus rigoureuses. Car Dieu ne souffrira pas que les opprimés soient toujours en butte aux persécutions. Par là, il console les uns, il fait peur aux autres : il fait voir la bonté de Dieu manifestée jusque dans ce retard qui éprouve les uns et provoque les autres à la pénitence. – Nouvel honneur pour les pauvres : non pas les pauvres, au sens propre du mot, mais les hommes qui ont le cœur contrit. Car ce sont eux qui sont le plus capables de résignation. Ou plutôt ces deux choses se prêtent une mutuelle assistance ; l’humilité confirme la patience, la patience confirme l’humilité. Que si l’on vient nous dire : Et comment l’humilité est-elle une espèce de pauvreté ? nous répondrons : en tant qu’elle offre plus de facilité pour être vertueux. Le riche s’étourdit, perd le sang-froid. Le pauvre supporte toutes les épreuves sans se plaindre, comme un athlète exercé depuis longtemps dans le gymnase de la pauvreté. Aussi le Christ disait-il, qu’il est malaisé à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. Qu’est-ce à dire : « La patience des pauvres ne sera point perdue jusqu’à la fin ? » C’est-à-dire, que jamais elle ne périra, que de toute manière elle recueillera le fruit qui lui appartient. Il n’en est pas ainsi dans les choses mondaines, souvent le résultat nous trompe, et nos peines sont perdues. Le laboureur attend, le marchand de même mais souvent les intempéries frustrent l’un et l’autre du fruit de ses travaux. En Dieu, rien de pareil : le résultat est toujours assuré. Et ce n’est pas un faible motif de consolation que cette confiance inébranlable dans l’issue. « Levez-vous, Seigneur, que l’homme ne se fortifie pas. » Un autre dit : « Ne s’enhardisse pas. Que les nations soient jugées en votre présence. » Suivant un autre : « Devant votre face. » Il a parlé de la méchanceté qui possède la plupart des hommes, il a fait connaître leur perversité, leurs rapines, leurs injustices,