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ses autres ennemis, une fois en repos, eut à soutenir une autre guerre plus rude contre la concupiscence, qui fut pour lui un bourreau encore plus cruel. – Ainsi donc nous ne devons jamais éprouver autant de crainte, qu’une fois délivrés de nos maux.
7. Une bête féroce ne nous cause pas autant d’effroi quand elle est attachée, que lorsqu’elle est en liberté ; de même, ce n’est pas dans l’affliction que nous devons principalement craindre le vice ; car alors il est enchaîné par la douleur et d’autres liens encore ; c’est après la délivrance que notre crainte doit être le plus vive. Aussi verrez-vous souvent les prospérités engendrer de plus grands maux que l’adversité même. Le trophée d’Ézéchias ne fut que le signal de sa perte. Voilà pourquoi David dit ailleurs : « C’est un bonheur pour moi que vous m’ayez humilié. » (Ps. 118,71) Même après la délivrance il sollicite encore la miséricorde, et se fait de ses maux passés un titre à la compassion. « Voyez mon humiliation du fait de mes ennemis. » Voici maintenant un autre titre : « Vous qui me relevez des portes de la mort. » Je me réfugie auprès de mon maître, de mon patron, de celui qui ne cesse de me tendre la main. Voyez-vous comme, en priant pour l’avenir, il se montre reconnaissant du passé, insiste sur le double bienfait qu’il a reçu. Car il ne se borne pas à dire : Vous qui me délivrez des portes de la mort, mais « Vous qui me relevez. » Le bienfait de Dieu ne se bornait pas à une délivrance ; ceux qu’il avait sauvés devenaient admirables, glorieux, illustres. S’il ne dit pas : de la porte, mais « Des portes », c’est pour montrer l’étendue du danger. « Afin que je proclame toutes vos louanges aux portes de la fille de Sion. » Ce qu’il a prescrit aux autres de faire, il le fait lui-même : « Annoncez », dit-il plus haut, « parmi les nations ses conseils. » C’est ce que je vais faire à présent, et je ne me bornerai pas à le faire en présence d’une, de deux, de trois personnes, mais publiquement. « Je serai transporté d’allégresse, à cause du salut que vous m’avez procuré. » Voilà ma couronne, voilà mon diadème ; être vainqueur par vous, par vous sauvé. À son exemple ne cherchons pas à être sauvés d’une façon quelconque, à être tirés de danger par le premier moyen venu ; demandons à Dieu d’être notre libérateur. J’insiste là-dessus, à cause des incantations auxquelles recourent quelques personnes contre les maladies, aux sortilèges dont elles font usage pour soulager leurs infirmités. Ce n’est pas là se sauver, mais se perdre. Le vrai salut ne procède que de Dieu. « Les nations sont restées prises au piège de perdition qu’elles avaient tendu. » Un autre dit : Se sont enfoncées. Par ce mot perdition, il entend le vice ; car il n’y a point un pareil principe de perte. Rien n’est plus faible que le méchant. Il périt par ses propres armes, comme le fer par la rouille et la laine par la teigne. Ainsi donc, avant que Dieu lui-même ait frappé, l’artisan d’iniquité est déjà puni par son injustice même. Après s’être étendu sur la justice d’en haut et le secours divin, attendu que ce secours n’arrive pas sur-le-champ, mais tarde souvent à se manifester, et que ce retard produit chez beaucoup d’hommes de la négligence, le Psalmiste montre que le châtiment n’est pas loin, et que les méchants le subissent de la façon qu’indique Paul en disant : « Et recevant en eux-mêmes la rétribution due à leur égarement. » (Rom. 1,27) Considérez la justesse des expressions. « Elles sont restées prises » c’est-à-dire elles ont été arrêtées par la force ; elles sont tombées dans un piège d’où elles ne sauraient s’échapper. Et ensuite : « Leur pied est demeuré captif dans le filet qu’elles avaient caché. » Les méchants sont pris dans des chaînes qu’ils ne peuvent briser. C’est ce qu’on a vu se réaliser pour les apôtres et les Juifs. Quand les Juifs faisaient la guerre aux apôtres, ils ne leur causaient aucun dommage, tandis qu’ils attiraient sur leur propre tête des maux innombrables, l’exil, l’esclavage, la perte de tous leurs biens la prédication ne faisait que se répandre, tandis que les conspirateurs succombaient. Ceux qui jetèrent les trois enfants dans la fournaise de Babylone y furent enfermés à leur tour ; et la même chose arriva pour Daniel. Mais pour Daniel cela se conçoit, car c’étaient eux qui l’avaient mis dans la fournaise. Mais comment expliquer, en ce qui regarde les trois enfants, victimes du roi seul, que ceux qui se tenaient debout devant la fournaise aient été punis de la sorte ? C’est parce que ces malheureux avaient obéi à l’ordre du tyran, et adoré la statue d’or. « Dans le filet qu’elles avaient caché. » Voyez comment il montre tout ce que leur conduite avait d’odieux. Leur action étant infâme, ils la cachent, ils essayent d’échapper aux regards. « On connaît le Seigneur, quand