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en quête, Dieu ne permet point que nous nous fatiguions : c’est pourquoi il dit : « Quiconque cherche trouve. » (Mt. 7,8) « Chantez le Dieu qui habite Sion. » Un autre dit : « Qui siège. Annoncez parmi les nations ses conseils. » Suivant un autre : « Parmi les peuples ses actes. » Qu’est-ce à dire ? Celui qui a pour trône le ciel, et la terre pour escabeau, celui qui tient dans sa main les confins de la terre, celui-là habite Sion. Oui ; car ici habiter n’implique point l’idée d’être renfermé, (la grandeur de Dieu est illimitée), mais la prédilection du Seigneur pour cet endroit, et la résidence qu’il y fait d’ordinaire afin de s’attacher les Juifs par cette condescendance ; de même nous appelons habitation l’endroit où nous séjournons de préférence. Et si l’on dit que Dieu habite parmi nous, ce n’est pas à dire qu’il soit enfermé dans cette enceinte, c’est indiquer seulement l’attachement particulier qui l’unit à nous. Sion est ici une figure de l’Église. « Car vous êtes venus vers la montagne de Sion et l’Église des premiers-nés. » (Héb. 12,22-23) Et en effet, c’est bien une montagne que l’Église si l’on considère sa durée, sa solidité inébranlable. Car il n’est pas plus possible d’ébranler une montagne que l’Église de Dieu. « Annoncez parmi les nations ses conseils. » Il veut que nous soyons les hérauts des bienfaits de Dieu et que jamais nous ne laissions ses grâces dans l’ombre. Et voilà ce qu’il cherche partout, tant dans l’intérêt de ceux qui prendront la parole que dans celui de leurs auditeurs. Car les premiers y trouveront leur avantage, et les seconds aussi, s’ils prêtent attention. « Parce que celui qui venge les meurtres s’est souvenu d’eux. » – Voyez-vous de quels conseils il parle ? De conseils bienfaisants. De plus, il y a ici une allusion à un dogme important : c’est que le meurtre n’est jamais commis impunément ; que de toute façon il est puni ; ce qui résulte déjà de ces paroles de Moïse dans la Genèse : « Je vengerai votre sang. » (Gen. 9,5) C’est une marque de l’infinie Providence, de son infatigable sollicitude. – Si elle ne venge point le crime sur-le-champ, ne vous en étonnez pas ; c’est afin de donner aux coupables le moyen de se repentir. « Il n’a pas oublié le cri des pauvres. » (Rom. 2,4) – Encore les pauvres en honneur. D’ailleurs il ne s’agit point ici des pauvres absolument, mais de ces pauvres d’esprit dont parle le Christ. – En effet, ceux dont la prière est le mieux exaucée, ce sont les humbles de cœur, ceux qui sont contrits. – Il y a deux choses ici : la prière et l’humilité. « Sur qui porterai-je mes regards », est-il écrit, « sinon sur l’humble, sur l’homme de paix, sur celui qui tremble devant mes paroles ? » (Is. 66,2) Et partout on voit que l’humilité est comme un véhicule pour la prière. Car le Christ est près de ceux qui ont le cœur contrit. – L’orgueil est donc ce que doit fuir avant tout l’homme qui prie, suivant la recommandation de Paul : « Sans colère et sans discussion. » (1Tim. 2,8) – David le dit bien : « Le cri des pauvres. » Ce cri n’est pas une élévation de la voix, pois bien une disposition de l’âme. En disant : « il n’a pas oublié », le Psalmiste fait voir que les prières étaient continuelles, et qu’elles n’avaient pas été exaucées tout d’abord. Le sens est donc celui-ci : N’allez pas croire que Dieu vous a oubliés et que c’est polir ce motif qu’il ne vous a pas vengés : car il lui appartient de rechercher les choses de cette sorte, même avant qu’on l’en prie : à plus forte raison, quand on l’en prie, et que la prière est humble. « Ayez pitié de moi, Seigneur, voyez mon humiliation du fait de mes ennemis. » (Id. 11) « Vous qui me relevez des portes de la mort, afin que je proclame vos louanges aux portes de la fille de Sion. » Un autre traduit : « Votre glorification. » Un autre : « Vos éloges. » – Voyez comme il est constamment fidèle à la prière. Délivré de ses épreuves, en sûreté désormais, il ne cesse point pour cela de prier, de dire : « Ayez pitié de moi », d’invoquer Dieu pour l’avenir. En effet, nous avons toujours besoin de la Providence, et plus que jamais à la fin de nos maux. Car alors commence une nouvelle guerre plus terrible que la première, celle que nous livrent la paresse et l’orgueil : et le diable souffle alors avec plus de violence. C’est donc principalement quand nos maux sont finis que nous avons besoin de l’assistance divine, afin de supporter comme il faut la prospérité. Délivrés des Égyptiens, les Juifs eurent à lutter contre deux ennemis redoutables, l’orgueil et la nonchalance. C’est alors surtout que la mort les décima, parce qu’ils ne savaient pas se diriger dans leur marche. Incapables de résister à la gourmandise, aux convoitises vulgaires, imitateurs des passions des Égyptiens, ils se perdirent par là. De même David, une fois délivré des maux que lui avaient causés Saül et