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secours. Car « bons moments » signifie ici les moments d’affliction. Comment expliquer cela ? C’est que l’affliction est la mère de la sagesse, qu’elle sauvera l’homme de la mort et que rien n’est plus propre à attirer la grâce de Dieu. Elle guérit de la mollesse et du relâchement ; elle rend les prières plus ferventes. Et de même que l’hiver est une bonne saison pour labourer la terre, de même l’affliction est propice pour la culture de l’âme. En effet, si nous avons toujours besoin du secours de Dieu, même au sein des prospérités ; nous en avons besoin surtout, lorsque nous sommes dans l’affliction. « Secourable. » Dans ce mot est impliquée encore une autre idée. C’est que nous devons, nous aussi, prendre de la peine. On ne secourt que ceux qui travaillent eux-mêmes. Il ne faut donc pas nous laisser abattre, mais prier, répandre l’aumône, faire en un mot tout ce qui dépend de nous. En guerre aussi on ne porte secours qu’à ceux qui combattent, et non aux lâches et aux fainéants. Par conséquent, si vous voulez obtenir l’assistance de Dieu, ne trahissez jamais votre devoir. C’est de cette façon que Job obtint du secours, en restant debout, en luttant. De même les apôtres, en déployant de l’activité. « Et qu’ils espèrent en vous, ceux qui connaissent votre nom. » Suivant un autre : « Et ils se fieront à vous. » Telle est la marche constante du Prophète ; de la prière il passe à l’exhortation ; comme le Précepteur commun de l’univers, il ouvre à tous le trésor de la sagesse. Il dit bien : « qu’ils espèrent, ceux qui connaissent votre nom. » Ceux qui vous connaissent veut-il dire, ceux qui savent ce que vaut votre assistance, ceux-là s’attachent à l’espoir en vous comme à une ancre solide. En vous, dis-je, allié tout puissant, inexpugnable à tous ; à vous, qui non seulement leur promettez la guérison de leurs maux, mais ne permettez pas même qu’ils soient troublés de leurs épreuves actuelles. Car celui qui est affranchi des pensées humaines, celui qui place là-haut toutes ses espérances, celui-là non seulement appelle sur lui une prompte délivrance, mais jusqu’au sein du malheur, il n’est ni troublé, ni déconcerté, parce qu’il trouve un secours dans sa confiance en cette ancre éternelle. C’est ainsi que les trois enfants, non seulement furent tirés de la fournaise, mais dans la fournaise même ne sentirent aucun trouble, car ils étaient assurés de la protection divine. De là cette variante « Et ils se fieront en vous », c’est-à-dire, ils auront confiance.
En effet, la sécurité qu’inspire une pareille espérance est bien plus forte que la tyrannie des souffrances. Car ce sont là des choses humaines, tandis que l’espoir en Dieu est un secours divin et irrésistible. Après avoir dit que Dieu est venu à notre secours, qu’il a été notre refuge, le Psalmiste montre comment cela se fait. Comment donc alors fait-il ? C’est quand nous persévérons dans notre espérance en Dieu. Que s’il ne fait pas cesser sur-le-champ vos maux, c’est afin de vous éprouver. De même qu’il pourrait ne pas souffrir les attaques de vos ennemis, et qu’il les soutire néanmoins, afin de vous fortifier : de même, pouvant vous délivrer tout d’abord, il remet, il diffère, afin d’accroître votre fermeté, d’exercer votre espérance, de rendre plus fort votre attachement à son égard ; il ne permet pas que nous soyons toujours affligés, car nous nous lasserions ; ni toujours en repos, car nous tomberions dans le relâchement. « Parce que vous n’avez pas abandonné ceux qui vous cherchent, Seigneur. » Suivant un autre : « Car vous n’avez pas abandonné. » Un autre dit pareillement : « Considérez les anciennes générations et voyez qui a espéré dans le Seigneur et a été confondu ; ou qui l’a invoqué : et a été abandonné de lui ? » (Sir. 2,11-12) Et comment, dira-t-on, chercher Dieu qui est partout ? Par le zèle, l’ardeur, le détachement de toutes les choses mondaines. Souvent nous croyons éloigné ce qui est sous nos yeux, entre nos mains, et nous cherchons par tout ce que nous tenons, pour que notre esprit soit distrait.
6. Comment donc peut-on chercher Dieu ? Il suffit de tenir notre pensée dirigée vers le ciel, et d’être détaché des choses mondaines. Celui qui cherche, après avoir chassé toute autre préoccupation de son âme, arrive auprès de ce qu’il cherche. – Et ce n’est pas assez de chercher, il faut encore rechercher. L’homme qui recherche ne se borne pas à chercher lui-même, il a recours à l’assistance d’autrui, afin de trouver ce qu’il cherche. Mais quand il s’agit de choses mondaines, nous cherchons souvent sans trouver : cela n’est pas possible, quand il s’agit de choses spirituelles : il est alors de toute nécessité de trouver, dès que l’on cherche. Pour peu que nous nous mettions