Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/604

Cette page n’a pas encore été corrigée

feuilles, et n’est qu’extérieur. Que la vertu est une chose qui nous est propre, en voici la preuve. De quelque côté que nous portions nos pas, elle nous suit : il n’en est pas ainsi des autres biens. La vertu, voilà donc notre vraie propriété ; le reste ne nous touche pas d’aussi près. – De même que nous appelons intime l’ami qui ne nous quitte point : de même nous nommons la vertu un bien plus intime que les richesses, en tant qu’elle ne s’éloigne jamais de nous.
5. Contemplez maintenant la gratitude et la sagesse de David. Il a des chevaux, des armées, des moyens de défense innombrables : mais il oublie tout cela et ne s’occupe que d’attirer sur lui la grâce d’en haut, et c’est à Dieu qu’il fait honneur de son propre salut. Il ne dit pas : mes armées, mes trésors, mes remparts ont été mon refuge, mais bien : « le Seigneur est devenu un refuge pour le pauvre. » C’est lui qui m’a mis en sûreté : car rien n’égale un pareil recours, ni pour la facilité ; ni pour les garanties qu’on y trouve. Les autres refuges peuvent nous être ravis par la ruse, nous ne sommes pas sûrs de les trouver à notre portée ; le temps, le lieu, mille circonstances peuvent nous en fermer l’accès : mais celui-là est tout près de nous ; il suffit de le chercher avec diligence. « Quand vous parlerez encore, je dirai : me voici. » (Is. 58,9) « C’est Dieu, c’est moi qui arrive : Dieu n’est plus éloigné. » (Jer. 23,23) Nous n’avons donc pas besoin de courir ou de nous absenter sans quitter notre demeure, il ne tient qu’à nous de nous procurer ce refuge. Et tantôt il nous sauve du péril ; tantôt il ajoute à notre gloire, il nous rend plus puissants que nos ennemis, et tout cela au moment opportun. Car, lorsque ceux qui en sont favorisés savent rester dans la modération, ces deux grâces sont octroyées. Si au contraire ce mérite reste imparfait en eux, la faveur n’est pas doublée ; car autrement ils tomberaient dans l’orgueil. Pour vous citer un des nombreux exemples de cet enivrement, Ézéchias s’y laissa emporter : Dieu néanmoins ne l’abandonna pas : mais lorsque son Heureuse victoire eut enflé son cœur, Dieu le corrigea au moyen de la maladie. « Secourable dans les bons moments, dans les tribulations. » Qu’est-ce à dire « dans les bons moments ? » C’est-à-dire dans les moments opportuns. En cela il considère deux choses : le secours donné par Dieu et l’opportunité de ce