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de Dieu. « Ils s’affaibliront », dit-il, « et périront devant votre face… » Ici encore, que ce mot visage ne vous représente rien de corporel. David n’entend parler que de l’action, de la manifestation divine, et de la facilité avec laquelle elles s’opèrent. C’est ainsi qu’il dit ailleurs : « Celui qui regarde sur la terre et qui la fait trembler. » Son regard suffit à lui seul pour la perte des méchants. En effet, si la présence des saints affaiblit l’empire des démons, il doit en être de même, à plus forte raison, de la présence de Dieu… Si son éclair en brillant répand partout la terreur, songez comment bon éternelle puissance doit épouvanter, perdre les méchants. Voyez-vous le caractère de ces hymnes ? Voyez-vous la nature de ces hommages, et comment David raconte la puissance de Dieu ? Un dogme important est renfermé jusque dans ces mots : « Je chanterai votre nom, Très-Haut, lorsque mon ennemi se sera retourné en arrière. » Qu’est-ce donc que cela prouve ? Que David était sage non seulement dans la détresse, mais encore dans la tranquillité… L’humiliation que causent les maux a pour effet de rendre beaucoup d’hommes plus vertueux. Le bonheur au contraire les rend plus négligents et plus mous : Voyez ce qu’il dit plus loin des Juifs : « Lorsqu’il les tuait, c’est alors qu’ils le cherchaient. » (Ps. 77,34) II n’en est pas ainsi de notre juste : même dans la prospérité il reste sage et vigilant, Ce qui n’est pas sans importance poux la religion. « Car vous m’avez rendu justice. » Suivant un autre : « Vous avez jugé en ma faveur. Vous vous êtes assis sur votre trône, vous qui jugez selon la justice. « Vous avez repris les nations, et l’impie a péri. » Un autre dit : « Vous avez fait périr, vous avez effacé son nom pour les siècles des siècles. » Admirez encore la sagesse de David : Il ne se venge pas lui-même de ses ennemis, il se repose sur Dieu du soin de faire justice, conformément au précepte apostolique : « Ne se vengeant pas les uns des autres. » (Rom. 12,19) Mais il y a autre chose encore à remarquer : c’est qu’il était victime d’une injustice. En effet, s’il n’y avait pas eu d’injustice, Dieu n’aurait point puni. « Vous vous êtes assis sur votre trône, vous qui jugez selon la justice. » Il emploie ici le langage humain : de là ces mots : trône et s’asseoir. Quand à cette expression : « Vous qui jugez selon la justice », elle indique la coutume de Dieu et le privilège de son essence. En parlant des hommes ce langage serait déplacé. Quelque justes qu’ils puissent être, ils ne jugent pas selon la justice, tantôt par ignorance, tantôt parce qu’ils négligent de rechercher ce qui est juste. Mais Dieu, qui est exempt de toutes ces imperfections, Dieu qui connaît la justice et veut l’accomplir, juge selon la justice. Par ces mots : « Vous vous êtes assis sur votre trône », entendez : Vous avez jugé, vous avez puni, vengé. « Vous avez repris les nations, et l’impie a péri. » Vous voyez que Dieu n’a pas besoin d’armes, d’épée, de flèches, de traits : toutes ces expressions qu’on a vues plus haut sont