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Cependant que disaient ces petits enfants ? Rien qui pût leur être importun ou pénible, rien qui dût les choquer ; mais ce qu’il y avait de plus propre à attester l’accord du Fils et du l’ère. « Béni soit », disaient-ils, « celui qui vient au nom du Seigneur. » (Mt. 21,9)
3. Alors il confondit leur impudence ; plus tard, il détruisit leur ville, et il n’est pas une région de l’univers où les Juifs n’aient porté leur infortune. De même qu’un homme mutilé court en tous lieux, étalant ses blessures ; de même que les juges lorsqu’ils ont puni de mort plusieurs meurtriers, empalent un d’entre eux comme si ce dernier supplice infligé à un cadavre était propre à corriger les vivants ainsi Dieu fit des Juifs, non morts, mais vivants, un exemple, en les dispersant. Et ceux qui habitaient autrefois un même pays, sont aujourd’hui disséminés par toute la terre. Que si vous en cherchez la raison, vous n’en trouverez point d’autre que le crucifiement du Christ. En effet, pour quel motif n’eurent-ils point le même sort que précédemment ? Précédemment ils furent déportés dans une région unique, et pour quelques années seulement : cette fois il n’en est pas de même : leur châtiment n’aura pas de fin. Demandez-leur maintenant pourquoi ils ont crucifié le Christ ? Ils vous diront parce que c’était un imposteur. S’il en était ainsi, ils auraient dû être comblés d’honneurs et entrer en possession d’une plus vaste contrée : car ils auraient fait une chose agréable à Dieu. En effet, celui qui fait justice d’un imposteur, fait justice d’un ennemi de Dieu, et mérite d’être honoré en récompense de son action… Phinéès, pour avoir seulement fait périr une prostituée fut honoré par le Seigneur, au point d’être jugé digne du sacerdoce : et vous, bien plus dignes que lui d’être honorés, si, en effet, vous avez fait périr un imposteur, vous errez en tout lieu comme des vagabonds sans patrie ? Si vous avez subi un pareil sort, c’est que vous avez crucifié un maître, un bienfaiteur, un précepteur de vérité. Si Jésus était un imposteur, un ennemi de Dieu, un faux Dieu, convoitant les honneurs du Dieu véritable, vous devriez être rémunérés mieux que Phinéès, que Samuel, et tant d’autres, pour avoir déployé un si grand zèle dans l’intérêt de la loi. Et voici que vous êtes plus sévèrement traités aujourd’hui que dans lé temps où vous étiez idolâtres, impies, où vous égorgiez des enfants ; vos épreuves ne finissent pas ; proscrits, fugitifs, asservis aux lois des Romains, vous parcourez la terre et les mers, errants, sans patrie, sans maisons, esclaves, déchus de la liberté, du sacerdoce, de toutes vos prérogatives passées, dispersés au milieu des barbares et d’une quantité de peuples divers, haïs, abhorrés de tous les hommes et exposés de toutes parts à toutes les injures. Ah ! certes, vous êtes bien mal récompensés, d’avoir livré à la mort un ennemi de Dieu. Sottise et folie ! Votre sort n’est pas celui des hommes qui font périr les ennemis de Dieu ; c’est celui des assassins qui égorgent ses amis. Mais, diront-ils, mon ami, nous ne disons pas cela, c’est pour nos péchés que nous sommes frappés ainsi. Vous en convenez donc, têtes indociles ? Et quels sont ces péchés, dis-moi ? Est-ce donc la première fois que vous péchez ? Pourtant aujourd’hui vous êtes devenus plus sages. Mais laissons ce point : voici ce que je veux vous demander à présent : Pourquoi précédemment toutes les fois que vous péchiez, obteniez-vous de Dieu miséricorde et n’obtenez-vous plus la même grâce aujourd’hui, aujourd’hui, dis-je, que vos fautes sont moins graves ? Alors vous vous faisiez initier au culte de Belphégor, vous vous prosterniez devant le veau d’or, vous égorgiez vos fils, vous massacriez vos filles, et cela, quand les avertissements d’en haut ne vous manquaient pas ; et aujourd’hui que vous ne voyez ni la mer s’entr’ouvrir, ni les rochers se fendre, ni les prophètes vous visiter, aujourd’hui que vous n’êtes plus l’objet de la sollicitude constante de la Providence, vous montrez néanmoins plus de sagesse. Comment se fait-il donc que vos péchés étant moindres et votre vertu plus grande, votre punition, votre châtiment redoublent de sévérité ? N’est-il pas sensible pour les hommes les moins intelligents qu’au contraire votre faute est plus grave aujourd’hui ? Tant que vous vous êtes bornés à pécher contre les serviteurs, à tuer, à lapider les prophètes, vous avez obtenu l’indulgence ; mais du jour où vous avez porté les mains sur le Maître, votre plaie est devenue incurable. Aussi, quatre cents ans se sont écoulés depuis que l’emplacement même de votre ville a disparu avec le sacerdoce, la royauté, depuis la confusion de vos tribus, depuis que tous vos titres de gloire sont effacés, au point de ne pas laisser un vestige ; ce que l’on n’avait jamais vu. Au commencement même après la ruine du temple, les prophètes, les dons de l’Esprit demeuraient