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que glaives aiguisés, morts suspendues sur sa tête, bourreaux, juges assemblés. Que trouvez-vous de pareil chez l’homme chaste, fût-il en butte à mille épreuves ? n’est-il pas toujours content, tandis que l’autre est toujours dans la douleur, dans les ténèbres ? Voyez encore les esclaves de la colère, et ceux qui savent en triompher ; les ravisseurs, et ceux qui donnent ou plutôt répandent leurs biens en vue de Dieu. Les uns sont dans un port tranquille, les autres sont jetés sur l’orageux détroit de la misère humaine, y sont ballottés chaque jour. En outre, quand l’avare voit que sa vie touche à son terme, et que sa passion va s’éteindre avant d’avoir été satisfaite, quand déjà la mort est suspendue au-dessus de sa tête, voyez quels tourments il endure. Il n’en est pas ainsi de l’homme vertueux : au contraire, il n’est jamais si content, si heureux, que lorsqu’il arrive à la vieillesse : car alors ses jouissances, loin de toucher à leur terme, sont plutôt dans leur fleur. Pour les adultères, les libertins, les avares, les gourmands, la vieillesse est la fin des jouissances : c’est un redoublement de jouissances pour les amis de la vertu. Ainsi donc, sans aller jusqu’à l’enfer et aux tourments dont il nous menace, il y a ici-bas déjà de quoi remuer fortement le cœur. Plein de ces pensées, fuyons le vice, attachons-nous à la vertu, aimons Dieu, non pour ce qui est à lui, mais pour lui-même. Ainsi nous suivrons ici-bas ce chemin de la vertu, qui est naturellement étroit, mais qu’il dépend des voyageurs d’élargir à leur volonté. Puissions-nous tous en atteindre le sommet, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui gloire dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.