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pour attaquer, de façon que ceux qu’on veut punir ne puissent se mettre sur leurs gardes. Il n’en est pas ainsi de Dieu ; bien au contraire, il avertit, il diffère, il menace, il emploie enfin tous les moyens, pour ne pas être forcé d’exécuter ses menaces. Telle fut sa conduite à l’égard des habitants de Ninive. En cette occasion aussi il tendit son arc, fit briller son glaive, prépara ses traits et ne frappa point. Ne voyez-vous pas en effet, dans ces paroles du prophète, comme un arc, un trait, un glaive aiguisé : « Encore trois jours et Ninive sera détruite ? » (Jon. 3,4) Mais Dieu ne lança point sa flèche : car s’il l’avait préparée, ce n’était que pour la remettre au carquois et non pour la lancer. Les soldats s’arment, afin de frapper. Mais quant à Dieu, il ne s’arme que pour corriger les hommes par la terreur, que pour tenir suspendu le bras de la vengeance. Ne nous laissons donc pas étonner ces paroles terribles n’attestent qu’une infinie bonté, et plus elles nous paraissent embarrassantes, plus est grande la clémence qui les a dictées. Les pères qui ne veulent point punir leurs enfants exagèrent à dessein leur colère dans leur langage : c’est dans la même vue que Dieu, répugnant à nous punir, prodigue les paroles effrayantes. Il va jusqu’à dire qu’il a allumé le feu de l’enfer : c’est afin de ne pas nous y précipiter. Voilà pourquoi il est si souvent question du supplice dans les évangiles, plus souvent même que du royaume. Attendu que les hommes peu éclairés sont plus sensibles à la crainte des peines qu’aux promesses, et qu’il est plus facile de les conduire à la vertu et de les détourner du vice par ce moyen l’écrivain sacré insiste sur ce point et y revient sans cesse. N’allons donc point nous plaindre de ces mots pénibles ; ils nous rendent un grand service : mais songeons en même temps à la longanimité de Dieu, à la justice de ses arrêts et ne désespérons pas de notre salut Dieu est patient. Ne tombons point dans le découragement : Dieu est juste. Ici-bas sa clémence est infinie : c’est dans l’autre vie qu’il fait éprouver les horreurs du supplice à ceux que sa bonté n’a point corrigés. Si nous craignons ce supplice, songeons dès maintenant à nous en préserver.
« Voici qu’il est gros d’injustice. » Au lieu de : « Il est gros », le texte hébreu donne : « Jébal. Il a conçu la peine. » Un autre dit « Et ayant enfanté. Et il a mis au jour l’iniquité.