Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/576

Cette page n’a pas encore été corrigée

même aux yeux de nos ennemis, sévis et fais éclater ta puissance, afin que ceux qui te croient abaissé, soient avertis de ta gloire par leur propre supplice. Voilà quelle est son intention : elle n’a rien d’intéressé, elle est toute dirigée vers Dieu. Par ces mots « au milieu de », les uns entendent que ta colère s’appesantisse sur leurs têtes, les autres qu’aucun de tes ennemis ne t’échappe. C’est un grand mérite chez notre juste, que d’avoir les mêmes ennemis, les mêmes amis que Dieu : comme c’est le signe d’une grande perversité que de haïr les amis de Dieu, et d’aimer ses ennemis. De même que dans le langage on attribue à Dieu des ennemis, non qu’il soit capable de haine ou d’aversion, mais parce qu’il a les mauvaises actions en horreur : de même si notre juste a des ennemis, ce n’est point qu’il songe à la vengeance, c’est que le vice lui est odieux. « Et éveillez-vous, Seigneur mon Dieu, suivant le précepte que vous avez établi. » Un autre dit « suivant le jugement. Et une assemblée de peuples vous environnera. » Un autre dit : « qu’une assemblée de peuples vous « environne. Et en considération d’elle, élevez-nous en haut, Seigneur. » Un autre dit : « Et « retournez en haut dans la sublimité. » Un autre : « Et pour elle élevez-nous en haut. » – Le texte hébreu exprime cette idée « en considération d’elle » par le mot « Ovaléa. » Qu’est-ce à dire, « suivant le précepte que vous avez établi ? » C’est-à-dire pour secourir les opprimés, et arrêter les complots des persécuteurs. Vous nous l’avez prescrit : veuillez nous en donner l’exemple. Quelques-uns trouvent ici un autre sens, à savoir, suivant le précepte que Dieu nous a donné d’être ennemis de ses ennemis. « Et une assemblée de peuples vous environnera. » Ici encore ne cherchez rien d’humain. Les paroles sont telles, il est vrai, mais le sens est tout divin. Que signifie donc cette expression « Vous environnera ? » Cela signifie vous chantera, vous célébrera, vous saluera de mille bénédictions. – Cela se faisait au moyen de chœurs, rangés circulairement dans le temple et autour de l’autel : il emprunte à cet usage consacré dans les cérémonies d’actions de grâces l’expression par laquelle il désigne ici les bénédictions. Le sens est celui-ci : Punis, secours. Par là, tu t’élèveras même aux yeux de tes ennemis, et tu recevras de ton peuple mille bénédictions.
Considérez comment ce n’est pas à lui-même qu’il songe, mais à Dieu. Il veut le voir glorifier partout, au milieu de ses ennemis comme parmi ses fidèles. « Et en considération d’elle élevez-nous en haut. » De qui, d’elle ? De l’assemblée ; à cause d’elle « élevez-nous en haut. » Exaltez-nous, relevez-nous, comblez-nous de gloire, rendez l’assemblée plus illustre et plus magnifique, rendez-lui sa première prospérité. Voyez comment partout il mêle les préceptes aux prières. Plus haut, après avoir dit « Ayez pitié de moi et exaucez-moi », il passe aux conseils, et dit : « Fils des hommes, jusques à quand vos cœurs seront-ils appesantis ? » Ici après ces mots : « Élevez-nous en haut, Seigneur », il poursuit en ces termes : « Le Seigneur jugera les peuples. » Un autre interprète : « Le Seigneur rendra la justice. » Par là il enseigne à ceux qui croient que tout marche au hasard et à l’aventure, qu’il est une Providence qui préside aux événements et demande compte des actions. Par jugement, il entend ici à la fois et le jugement futur et celui d’ici-bas. Là-haut, le jugement général et public : ici-bas, les jugements particuliers, par lesquels Dieu inflige déjà certains châtiments, de manière à réveiller la nonchalance et à démontrer à l’incrédulité l’universelle providence. « Jugez-moi, Seigneur, suivant ma justice. » Un autre dit « Selon ce qu’il y a de juste en moi. Et selon l’innocence qui est en moi. » Que la malice des pécheurs soit consommée. Un autre traduit : « Que le supplice des impies se consomme. Et vous dirigerez le juste. » Suivant un autre : « Et vous raffermirez le juste. » Comment celui qui dit ailleurs : « N’entrez pas en jugement avec votre serviteur (Ps. 142,2) », peut-il dire en cet endroit « Jugez-moi selon ma justice ? » C’est qu’il s’agit de deux choses différentes. Quand il dit n’entrez pas en jugement avec votre serviteur, il veut dire : ne me faites point le procès, n’examinez point ma vie en la rapprochant des bienfaits dont vous m’avez comblé. – Voilà pourquoi il ajoute : « Parce que tout être vivant ne sera pas justifié devant vous : » entendez, tout être qui aura procès avec vous. – Mais ici sa pensée est autre : ce n’est pas relativement à Dieu qu’il veut être jugé, mais relativement à lui-même. Voilà pourquoi il dit : « Suivant ma justice. » Par justice, il entend ici ne pas avoir fait de mal le premier au prochain : de même qu’il disait plus haut. « Si j’ai fait cela »,