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dans les tentations, dans les vicissitudes, au milieu des embûches, louons Dieu, bénissons-le sans cesse, et répétons ; Gloire à lui dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.


EXPLICATION SUR LE PSAUME VI.


« SEIGNEUR, NE ME REPRENEZ PAS DANS VOTRE COLÈRE ET NE ME CORRIGEZ PAS DANS VOTRE COURROUX. »

ANALYSE.

  • 1. Que le langage de l’Ancien Testament s’explique en beaucoup d’endroits par la condescendance divine.
  • 2. Que le péché est atténué ou aggravé par les circonstances : divers exemples.
  • 3. Conditions nécessaires pour la guérison des maladies de l’âme.
  • 4. Pénitence de David : exemple proposé aux fidèles.
  • 5. Angoisses salutaires de la pénitence. – Fuite des mauvaises sociétés.
  • 6. De la vigilance à réprimer les moindres atteintes du péché.


1. Quand vous entendez employer en parlant de Dieu, ces expressions « colère, courroux », n’allez pas vous représenter quelque chose d’humain : ce langage est celui de la condescendance. La divinité est exempte de toute imperfection pareille : mais elle a recours à ces termes afin de frapper les esprits grossiers. Nous aussi, voulons-nous parler à des barbares, nous leur parlons dans leur langue ; nous adressons-nous à un petit enfant, nous balbutions comme lui ; quand bien même nous serions les plus grands savants de la terre, nous condescendons de la sorte à sa faiblesse. Et faut-il s’en étonner, quand nous allons jusqu’à feindre la colère et en simuler les signes devant le même enfant, pour le corriger ? C’est ainsi que Dieu, afin de frapper les hommes grossiers, se sert des termes dont j’ai parlé. Ce qu’il a en vue n’est point de parler dignement de lui-même, mais de rendre service à ceux qui l’entendent. Il montre bien ailleurs qu’il est insensible à la colère en disant : « Est-ce moi, n’est-ce pas eux-mêmes qu’ils mettent en colère ? » (Jer. 7,19) Mais comment vouliez-vous qu’il se fît entendre des Juifs ? pouvait-il leur dire qu’il ne s’irrite pas contre les méchants, ne les hait point, car la haine est une passion ; qu’il ne voit pas les choses humaines, car voir est un acte corporel ? qu’il n’entend pas, car entendre aussi procède de la chair ? Mais t’eût été donné naissance à cette autre opinion détestable, que la Providence ne veille pas sur l’univers, en se refusant à laisser attribuer ces actes à Dieu, beaucoup des hommes d’alors en seraient venus, à méconnaître absolument la Divinité ; et cette notion une fois obscurcie, tout était perdu : tandis que l’autre opinion pouvait facilement être amendée. Celui qui est persuadé de l’existence de Dieu, et s’en forme d’ailleurs une idée indigne et grossière, se convaincra, avec le temps, que l’essence divine répugne à une ; pareille conception : mais celui qui croit que Dieu est sans providence, qu’il ne s’occupe point des créatures, ou même qu’il n’existe point, que gagnera-t-il à ce qu’on lui révèle la nature