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méchants, qui sont les malheureux. « Vous avez pris en haine tous ceux qui opèrent l’iniquité, vous exterminerez tous ceux qui profèrent le mensonge. Le Seigneur a en horreur l’homme de sang, l’homme perfide. » (Id. 7) Ces choses sont dites non seulement pour que nous les entendions, mais encore pour que nous apprenions, en les entendant sans cesse, à nous conformer à l’humeur de l’Époux, et à nous approcher de lui. Sans cela, nous serons privés du secours d’en haut : et c’est la pire chose qui nous puisse arriver.
4. « Vous avez pris en haine tous ceux qui opèrent l’iniquité. » Tous, c’est-à-dire, esclaves, hommes libres, monarques, enfin qui que ce soit. Car ce n’est point au rang, c’est à la vertu que Dieu distingue ses amis. Mais connue beaucoup d’hommes grossiers ne font nulle attention à cette haine, écoutez la menace de châtiment qui vient ensuite : « Vous exterminerez tous ceux qui profèrent le mensonge » ici, il s’adresse à ce qu’il y a de plus grossier chez les pécheurs. La punition, dit-il, ne sera point seulement la haine, châtiment déjà effroyable par lui-même, Dieu exterminera en outre tous ceux qui profèrent le mensonge. C’est déjà un supplice affreux et pire que l’enfer, que d’être haï de Dieu : mais celui-là il n’en parle qu’aux gens capables de comprendre : pour être entendu des hommes, grossiers, il ajoute celui que nous venons de voir. N’éprouvez donc point, mon cher auditeur, de trouble ni de doute, en voyant des menteurs, des voleurs, des avares vivre sans être inquiétés : le châtiment ne peut manquer de les atteindre. Car telle est la nature de Dieu il se détourne du vice, il ne cesse de le haïr et de l’avoir en horreur. Par ceux qui profèrent le mensonge, entendez ici ceux qui vivent dans la perversité, ceux qui sont à la poursuite des choses mensongères, ceux qu’enchantent les voluptés, la sensualité, l’avarice. Car l’écrivain sacré a coutume d’appeler mensonges toutes ces choses. « Le Seigneur a en horreur l’homme de sang, l’homme perfide. » Ici il a en vue l’homme sanguinaire, le traître, le fourbe, celui qui a une parole sur les lèvres et une pensée contraire dans l’esprit, celui qui porte un masque de douceur et qui agit en loup, la pire espèce qui soit au monde. En effet, on peut se mettre en garde contre un ennemi déclaré : mais celui qui dissimule sa scélératesse et qui ne la manifeste que par ses crimes, celui-là fait beaucoup de mal grâce au mystère dont il s’environne. Aussi le Christ nous recommande-t-il de nous tenir sur nos gardes quand nous nous trouvons avec ces hommes « Ils viennent à vous sous des vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravissants. » (Mt. 7,15) « Pour moi, dans l’abondance de votre miséricorde, j’entrerai en votre maison. » (Ps. 5,8) En effet, l’Église s’étant recrutée parmi des hommes de cette espèce, païens, magiciens, homicides, sorciers, menteurs, fourbes, après avoir dit que Dieu hait ces vices et s’en détourne, l’héritière poursuit, afin de faire voir que si elle a été guérie et introduite dans le sanctuaire, ce n’est point grâce à sa propre justice ou à ses bonnes œuvres, mais grâce à la bonté divine : « Pour moi, dans l’abondance de votre miséricorde, j’entrerai en votre maison. » De peur qu’on ne vienne lui dire : Et toi, qui as commis tant de fautes, comment donc as-tu été sauvée ? elle fait connaître l’origine de son salut, laquelle est une infinie bonté, une ineffable charité. Mais il y a des gens qui se refusent à la miséricorde, des malades incurables, tels qu’étaient les Juifs : en effet, la grâce et la miséricorde, tout en demeurant miséricorde et grâce, ne sauvent que ceux qui consentent à leur salut et en sont reconnaissants, et non ceux qui résistent, ceux qui n’acceptent point le présent, comme firent les Juifs, au sujet desquels Paul a dit : « Ignorant la justice de Dieu, et cherchant à établir la leur, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. » (Rom. 10,3) Ensuite après avoir parlé des bienfaits de Dieu, elle parle de ses propres œuvres : « Je m’inclinerai devant votre saint temple, remplie de votre crainte. » Quand vous m’aurez accordé votre grâce, et que j’aurai fait ce qui est en moi, je vous offrirai ce sacrifice, dit-elle : « Je m’inclinerai devant votre saint temple, remplie de votre crainte. » Non pas comme font en priant tant de personnes, qui se grattent, bâillent, s’endorment, mais avec crainte et tremblement. Car celui qui prie de la sorte secoue tous ses vices, s’achemine à toutes ces vertus, et se rend Dieu propice. « Seigneur, guidez-moi dans votre justice, à cause de mes ennemis. » (Ps. 5,9) Elle a dit les louanges de Dieu, sa haine contre les méchants, sa bonté, sa sollicitude ; elle a dit son salut, et comment elle a été sauvée ; elle a dit qui elle a