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encore par un autre motif ; il a voulu indiquer que nous devons tous ne former qu’un corps et qu’une âme selon la vertu et selon la charité, et aussi que nous devons, durant toute notre vie, imiter la jeune épouse qui ne songe dans toutes ses actions qu’à contenter son mari. Comme au jour de son mariage l’épouse assise dans la chambre nuptiale, se préoccupe seulement de plaire à son époux ; ainsi nous-mêmes, en cette vie, songeons seulement à la satisfaction de l’époux, et restons fidèles à la conduite qui doit être celle d’une épouse. C’est encore à cette épouse que pense David, lorsqu’il dit : « La reine s’est tenue debout à votre droite, vêtue d’un manteau broché d’or, parée de franges d’or. » (Ps. 44,11) Voulez-vous voir maintenant ses chaussures. Écoutez Paul, ce paranymphe, qui vous dit : « Chaussant vos pieds pour vous préparer à l’Évangile de la paix. » (Eph. 6,15) Voulez-vous voir aussi sa ceinture et comment elle est faite de vérité ? Le même Paul vous la montrera : « Ceignant vos reins en vérité. » (Id. 6,14) Voulez-vous contempler sa beauté ? La même bouche vous la révélera : « N’ayant ni tache ni ride. » (Id. 5,27) Écoutez encore ce que dit à son sujet l’Ecclésiaste : « Tu es toute belle, ma compagne, et il n’y a pas en toi de défaut. » (Cant. 4,7) Et ses pieds, maintenant. « Qu’ils sont beaux les pieds de ces hommes qui annoncent la paix, qui annoncent le bonheur. » (Rom. 10,15) Et ce qu’il y a d’admirable, de merveilleux, c’est qu’après l’avoir parée de la sorte, il ne vient pas à elle dans tout l’éclat de sa gloire, de peur que tant de beauté ne l’éblouisse, ne lui trouble l’esprit ; il vient enveloppé du même vêtement que son épouse, il participe comme elle de la chair et du sang, et au lieu de l’appeler à lui dans les cieux, il descend lui-même auprès d’elle ; fidèle en cela même à la loi qui conduit l’époux auprès de l’épouse. C’est le précepte de Moïse : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme. » Et Paul a dit de même : « Ceci est le grand mystère ; je le dis à l’égard du Christ et de l’Église. » Étant donc entré dans son séjour, et l’ayant trouvée sale, souillée, nue, ensanglantée, il l’a lavée, ointe, nourrie, habillée d’un vêtement dont on ne saurait trouver le pareil ; lui-même, il lui sert de manteau, et la prenant avec lui, il l’emmène là-haut. Voilà celle à qui est destiné l’héritage. Que dit donc à son sujet le Prophète ? Beaucoup de choses ; car il est son avocat, et la plupart des choses qui devaient lui arriver, il les a prédites et annoncées d’avance ; par exemple, au sujet de l’époux, de la cérémonie nuptiale, et des biens réservés à l’épouse. Voilà pourquoi il parle d’elle ici même, et, en commençant, ainsi que ces avocats de profession qui plaident devant les tribunaux, il dit quelle est la personne dont il plaide la cause : « Pour l’héritière. » Et que demande cette héritière ? écoutons : « Écoutez mes paroles, Seigneur. » Elle appelle l’époux Seigneur, ce qui est le fait d’une épouse qui connaît ses devoirs. En effet, si c’est l’usage entre personnes de même condition, si la femme nomme son mari Seigneur, à plus forte raison est-ce le cas, lorsqu’il s’agit de l’Église et du Christ, de donner ce titre à celui qui le mérite par sa nature même. Ce n’est donc point seulement en qualité d’époux qu’elle le nomme Seigneur, c’est encore en qualité de Maître, et c’est à ce titre qu’elle le supplie de l’entendre. Car si un héritage lui est offert, il faut, pour qu’elle en jouisse, qu’elle accomplisse les conditions exigées ; elle prie donc et conjure l’époux de devenir son allié, de l’aider à exécuter les clauses, afin qu’elle ne soit pas déshéritée. De là ces mots : Écoutez mes paroles, Seigneur ; et elle le dit avec confiance, ne demandant rien que lui-même ne désire donner ; tandis que ceux qui ont à demander des choses indignes de celui à qui ils s’adressent, ne sont pas admis à présenter une pareille requête. Prier contre ses ennemis, contre ses persécuteurs, ce ne sont point là paroles d’homme, mais paroles du diable. En effet, si jurer procède du diable, « ce qu’on dit de plus vient du mal (Mt. 5,37) », est-il écrit, il en est évidemment de même des vœux que l’on forme contre ses ennemis. Par conséquent, si vous dites : « Écoutez mes paroles », que vos paroles annoncent un homme charitable, humain, et sans rapports avec le diable.
3. Comprenez mon cri. Par ce mot cri n’entendez point ici une élévation de la voix, mais une disposition de l’esprit. C’est ainsi que Dieu dit à Moïse alors silencieux : « Pourquoi cries-tu vers moi ? » Il ne dit pas : pourquoi m’adresses-tu ta prière ? Mais : « Pourquoi cries-tu vers moi ? » parce que Moïse s’approchait de lui avec une grande ferveur. – Aussi pour vous faire entendre qu’en ce passage