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EXPLICATION SUR LE PSAUME IV.


« QUAND JE L’INVOQUAIS, IL M’A EXAUCÉ LE DIEU DE MA JUSTICE. »

ANALYSE.

  • 1. Nécessité des bonnes œuvres et de la justice : définition de ce mot, pris dans son sens le plus large.
  • 2. Suite du même développement. Avantages et facilité de la prière.
  • 3. Condition d’une bonne prière. Bonté de Dieu, manifestée jusque dans les tribulations.
  • 4. Que notre salut est toujours dû à la miséricorde. Ne rien demander qui soit contraire à la Loi.
  • 5. Qu’est-ce que les fils des hommes ? Pourquoi dire que leurs cœurs sont appesantis ?
  • 6. Providence de Dieu manifestée par sa conduite à l’égard de ses serviteurs.
  • 7. De la colère légitime.
  • 8. Nécessité de l’examen de conscience et de la componction.
  • 9. Nouvelle démonstration de la Providence : objection vulgaire.

10. Réfutation : que la paix est en l’homme ; que la Providence se manifeste d’une manière nouvelle depuis Jésus-Christ. 11. Folie des païens : qu’est-ce que leur Jupiter ? 12. Malheur des méchants, tranquillité des justes ici-bas. 13. Danger des mauvaises fréquentations.
1. Si le Prophète s’exprime ainsi, ce n’est pas seulement pour nous faire savoir qu’il a été exaucé ; c’est pour nous montrer comment nous pourrons nous-mêmes, en invoquant Dieu, être exaucés promptement, et obtenir l’objet de notre prière, avant qu’elle soit terminée. – En effet, David ne dit pas : après que je l’eus invoqué, il m’exauça, mais : « Lorsque je l’invoquais. » – La raison en est que Dieu lui-même prend en quelque sorte cet engagement en disant à celui qui l’invoque : « Quand tu parleras encore, je dirai : Me voici. » Car ce n’est point, en général, l’abondance des paroles qui fléchit Dieu, c’est une âme pure, c’est une parure de bonnes actions. Voyez du moins comment il parle aux hommes qui, vivant dans l’iniquité, espèrent le désarmer à force de paroles : « Lorsque vous multiplierez vos prières, je ne vous écouterai point. Lorsque vous étendrez vos mains vers moi, je détournerai mes yeux de vous. » (Is. 1,15) Il faut donc avant toute chose que celui qui prie soit en crédit, et alors ce qu’il demande ne peut manquer de lui être accordé. Voilà pourquoi le Prophète ne dit pas simplement qu’il a été exaucé, mais bien que sa justice a été exaucée, indiquant par là son crédit auprès de Dieu, et comment ce crédit lui faisait l’escorte toutes les fois qu’il s’approchait du Seigneur. Et qu’on n’aille pas accuser ce langage de jactance. Ce n’est point pour se faire valoir qu’il parle ainsi, c’est pour donner une bonne leçon, un conseil d’une utilité générale et considérable. Il a été exaucé, pourrait-on dire, parce qu’il était David ; je ne le serai pas, moi, parce que je ne suis qu’un misérable : mais le Prophète montre que Dieu n’a pas été aveugle en l’exauçant lui-même, et qu’il ne l’est pas davantage quand il repousse vos prières : que dans tous les cas ce sont les actions qu’il s’attache à bien considérer. Si vous avez les vôtres pour avocats, vous serez exaucé sans aucun doute. – Et si ces avocats vous font défaut, quand même vous seriez David, vous ne sauriez fléchir le