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sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. (Mt. 18,20) Quand le Christ est au milieu des fidèles rassemblés, quelle plus forte preuve voulez-vous que c’est fête ?
Où il y a enseignement et prières, bénédictions des pères, et auditions des saintes lois, où il y a réunion de frères et commerce de vraie charité, où il y a conversation avec Dieu, et entretien de Dieu avec les hommes, comment n’y aurait-il point fête et solennité ? Ce qui constitue les fêtes, ce n’est point le nombre mais bien la qualité des personnes réunies ; ce n’est point le luxe des vêtements, mais la parure de la piété ; ce n’est point la magnificence du banquet, ce sont les dispositions de l’âme. Car la plus grande fête est une bonne conscience. Dans les solennités du monde, l’homme qui n’a ni riche habit à revêtir, ni fable somptueuse où s’asseoir, vivant dans la pauvreté, la disette, et l’excès des maux, ne s’aperçoit point de la venue de la fête, quand il verrait toute la ville entrer en danse, ou même éprouve d’autant plus de peine et de chagrin qu’il voit les autres dans les délices, et lui-même dans l’indigence. Au contraire, l’homme riche, opulent, qui peut changer de robe tous les jours, qui vit au sein de la postérité, croit toujours être en fête, que ce soit fête ou non. Il en est de même dans les choses spirituelles. Celui qui vit dans la justice et dans les bonnes œuvres, est toujours en fête, même quand ce n’est pas le temps, parce qu’il goûte les joies pures de la conscience : au contraire, celui qui passe son existence dans le vice et dans l’inconduite, et dont la conscience est déchirée de remords, celui-là, même quand la fête arrive, est plus éloigné que personne d’y prendre part. Nous sommes donc libres, si nous le voulons, d’être en fête chaque jour : il ne faut que pratiquer la vertu, et purifier notre conscience. En quoi donc la précédente réunion l’emporte-t-elle sur celle-ci ? n’est-il pas vrai que c’est seulement par le bruit, le tumulte, et rien de plus ? Si nous ne jouissons pas moins en ce jour des saints mystères, si nous ne participons pas moins aux autres biens spirituels, comme la prière, l’instruction, les bénédictions, la charité et tout le reste, cette journée vaudra la précédente et pour vous et pour moi qui vous parle. Ceux qui m’ont alors écouté sont ceux qui vont m’écouter encore : ceux qui sont absents aujourd’hui l’étaient alors, bien que présents de corps et en apparence. Ils ne m’écoutent pas aujourd’hui : mais je dis plus, ils ne m’écoutaient point davantage alors : et non seulement ils n’écoutaient pas, mais encore ils empêchaient les autres d’écouter, parle tumulte et le trouble qu’ils causaient. C’est pourquoi la scène est à mes yeux ce qu’elle était alors, l’auditoire est le même, celui-ci vaut l’autre. Ou même s’il faut dire quelque chose de surprenant, celui-ci a sur l’autre cet avantage, que l’entretien y est paisible, que l’enseignement n’y est point troublé, que l’auditeur comprend mieux ce qu’il entend, parce qu’aucun bruit ne nous étourdit ici les oreilles.
2. Si je parle ainsi, ce n’est-point que je tienne en mépris cette affluence de l’autre jour, c’est afin que vous ne soyez ni tristes ni humiliés en voyant le petit nombre de fidèles assemblés ici. En effet, ce que nous voulons voir à l’église, ce n’est pas une foule de personnes, c’est une foule d’auditeurs. Ainsi donc, puisque nous avons encore aujourd’hui les mêmes convives, je mettrai le même zèle encore à vous servir votre repas, en retournant au sujet que la fête a interrompu. Car si, au jour de la Pentecôte, il était inopportun de passer sous, silence les biens qui nous ont été départis en ce temps, pour suivre le cours de notre entretien commencé : aujourd’hui, que la Pente côte est passée, il est à propos de reprendre le fil de notre récit, et de continuer à traiter d’Anne. En effet il ne s’agit pas d’examiner, combien de choses nous avons dites à ce sujet, ni combien de jours nous y avons consacrés, mais bien si nous sommes parvenus au bout de notre matière. Ceux qui ont trouvé un trésor, ne se lassent pas de l’exploiter, quelques richesses qu’ils aient pu y prendre déjà, jusqu’à ce qu’ils l’aient épuisé complètement, car ce qui les retient, ce n’est point tant le désir de retirer beaucoup que celui de ne rien laisser. Or, si les hommes qu’égare la manie des richesses montrent tant d’activité pour des, biens éphémères et périssables ; à plus forte raison devons-nous agir de même à l’égard des célestes trésors, et ne pas les lâcher avant d’en avoir tiré tout ce que nous y pouvons découvrir. Ce que nous pouvons y découvrir, ai-je dit ; car les épuiser complètement est chose impossible. La richesse des pensées divines est une fontaine perpétuellement jaillissante, qui jamais ne manque, jamais ne tarit. Ne nous lassons donc point : aussi bien notre discours